Le gynécologue congolais Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix en 2018, tire la sonnette d’alarme sur l’utilisation croissante des violences sexuelles contre les enfants dans les zones de conflit. Lors d’un récent congrès à Angers, en France, il a mis en lumière l’aggravation de cette pratique barbare, soulignant que les enfants sont de plus en plus souvent ciblés par les belligérants.
Denis Mukwege explique que le viol est devenu une arme de choix dans les conflits modernes car il nécessite peu de ressources mais inflige des dommages considérables. Les enfants victimes de ces atrocités développent des traumatismes psychologiques profonds qui les rendent vulnérables à la manipulation par les groupes armés. Les garçons sont souvent enrôlés de force, tandis que les filles sont poussées vers la prostitution, perpétuant ainsi le cycle de la violence et de la déstabilisation sociale.
En République démocratique du Congo, la situation est particulièrement critique. Selon l’UNICEF, les violences sexuelles contre les enfants ont atteint des niveaux records. Médecins Sans Frontières rapporte qu’en 2023, 90 000 victimes ont été recensées dans la seule province du Nord-Kivu. Cette crise est aggravée par la négligence internationale et les conditions de vie inhumaines des déplacés internes, qui poussent les enfants à des comportements désespérés pour survivre.
Malgré certains progrès législatifs, le droit international peine à protéger efficacement les enfants des violences sexuelles en temps de guerre. Denis Mukwege critique le manque d’engagement des États à respecter et faire respecter les lois humanitaires, pointant du doigt le rôle des pays voisins et de la communauté internationale dans l’exploitation des ressources naturelles du Congo, ce qui alimente les conflits.
Pour mettre fin à ce cycle infernal, Mukwege appelle à une plus grande responsabilité des États. Il insiste sur le rôle crucial des entreprises de haute technologie dans la promotion de la paix, suggérant que celles-ci peuvent exercer une influence déterminante en imposant des conditions de paix pour l’exploitation des ressources. Cependant, tant que le pillage continue sous le prétexte de la guerre, les violences se perpétueront.
Sur le plan politique, Denis Mukwege reste engagé malgré sa faible performance aux élections présidentielles de décembre dernier. Il dénonce le simulacre d’élections et maintient sa détermination à défendre les droits humains. Bien qu’il ne soit affilié à aucun parti politique, Mukwege continue son combat en tant qu’indépendant, affirmant que son engagement pour les droits humains demeure inébranlable.