Ce fidèle d’Ismaïl Omar Guelleh, qui a gravi un à un les échelons du parti présidentiel, a été porté à la tête de la ville le 20 avril par les nouveaux élus locaux.
« Je veux transformer cette ville. » En sortant du palais de la République, lundi 25 avril au matin, juste après avoir été reçu par le président Ismaïl Omar Guelleh (IOG), Saïd Daoud Mohamed a dû prendre conscience de la tâche qui lui incombait et mesurer la portée de cette ambition qu’il nous confiait il y a plusieurs mois, alors qu’il n’était encore que candidat à la mairie de Djibouti.
C’est sans surprise que ce fidèle du Rassemblement populaire pour le progrès (RPP) a été choisi à l’unanimité pour effectuer un mandat de cinq ans par les trente-cinq membres du Conseil de Djibouti, eux-mêmes élus à l’issue des scrutins communaux et régionaux du 11 mars 2022 remportés par l’Union pour la majorité présidentielle (UMP).
Tête de liste dans la commune de Boulaos, qui compte le plus d’élus dans la capitale, Saïd Daoud Mohamed était l’unique candidat en lice pour la fonction de maire. Il succède à Fatouma Awaleh Osman, dont le mandat fut marqué par une polémique : au bout de quatre ans, la première femme portée à la tête de la ville de Djibouti avait remis sa démission en raison de ses divergences avec le ministre délégué à la Décentralisation de l’époque, Hamadou Mohamed Aramis. Mais le président Guelleh avait refusé son départ, lui demandant d’aller au terme de son mandat.
À peine élu, Saïd Daoud Mohamed a posté un message sur sa page Facebook, dans lequel il explique vouloir coordonner son action autour de trois thématiques principales : le développement durable et l’éco-responsabilité, la diversité culturelle et la jeunesse. « Il faut accorder à [cette dernière] l’attention qu’elle mérite, insiste-t-il. Les jeunes doivent devenir les premiers acteurs de cette ville et pouvoir s’investir plus facilement au niveau local. »
Consécration
Diplômé en logistique et en management à l’université de Nairobi, au Kenya, Saïd Daoud Mohamed a également étudié l’anglais en Ouganda. C’est en 1994 qu’il rencontre IOG, alors à la tête du comité central et de la commission culturelle du RPP. D’abord simple militant, le nouveau maire gravira progressivement tous les échelons, tout en accompagnant le président dans ses réélections successives. Il deviendra, en 2007, conseiller municipal à l’occasion des toutes premières communales du pays.
Son succès s’apparente donc à une consécration, comme nous le confirme une source proche de la présidence : « C’est un baron du RPP et sa famille est solidement enracinée à Djibouti. C’est une forme de reconnaissance de la part du chef de l’État pour sa loyauté et ses années au service du parti. »
En parallèle, Saïd Daoud Mohamed a effectué la majeure partie de sa carrière à l’Unesco, où il est d’abord entré en tant que simple cadre en 1993. Là encore, il franchira chaque étape une à une jusqu’à être promu, six ans plus tard, chef du Bureau de l’Unesco à Djibouti, chargé de la coordination des programmes dans la sous-région. En 2014, il démissionnera et entreprendra une reconversion dans le secteur privé, en prenant soin de diversifier ses activités, exerçant désormais dans l’imprimerie, la publicité et la bureautique.
Pour le nouveau maire, les chantiers sont nombreux et il aura fort à faire pour améliorer le quotidien des 600 000 habitants de la capitale. Car, malgré de bons indicateurs économiques, la ville manque encore d’infrastructures et reste marquée par de grandes inégalités sociales. Interrogé à ce sujet alors qu’il n’était pas encore élu, l’intéressé nous avait répondu : « La clé, c’est la coordination. » Et d’ajouter qu’il agirait de manière concertée avec le gouvernement et les différents ministères, notamment celui de la Décentralisation. Un clin d’œil à sa prédécesseure ?