Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche inquiète les grandes institutions financières mondiales. Fidèle à sa politique transactionnelle, il veut revoir la participation des États-Unis aux organisations multilatérales. La Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque interaméricaine de développement (BID) craignent une forte baisse du soutien américain, ce qui pourrait perturber le financement des pays en développement.
L’administration Trump suit les recommandations du Projet 2025, un rapport conservateur qui propose que les États-Unis se retirent progressivement des institutions multilatérales jugées trop coûteuses. Marco Rubio, secrétaire d’État, et Elise Stefanik, ambassadrice aux Nations unies, ont pour mission d’examiner les contributions américaines et de déterminer lesquelles sont dans l’intérêt de Washington. Cette analyse pourrait toucher l’Association internationale de développement (IDA), qui aide les pays les plus pauvres.
Depuis longtemps, les banques multilatérales de développement (BMD) financent des projets pour réduire la pauvreté et soutenir les infrastructures. Par exemple, la BAD, où les États-Unis possèdent 6,35 % des parts, a financé 10,77 milliards de dollars en 2023, dont une grande partie pour le climat. Or, Trump privilégie les énergies fossiles et s’oppose aux engagements écologiques, comme l’a montré sa sortie de l’Accord de Paris en 2017.
Cette incertitude financière inquiète aussi les marchés. Les BMD empruntent des milliards de dollars chaque année grâce à la confiance des investisseurs dans le soutien américain. Si Washington se retire, le coût des prêts augmentera, rendant les financements plus difficiles pour l’Afrique, où les besoins annuels dépassent 400 milliards de dollars, selon la BAD. Moins d’investissements pourraient ralentir le développement du continent.
En plus de l’aspect financier, Trump veut modifier les relations internationales. Lors de son premier mandat, il avait demandé que la Banque mondiale réduise ses prêts à la Chine. Son retour pourrait accentuer cette pression en exigeant plus d’avantages pour les entreprises américaines. Actuellement, les entreprises chinoises gagnent 29 % des contrats financés par la Banque mondiale, contre seulement 2 % pour les firmes américaines, une situation que les républicains dénoncent.
Face à cette situation, les banques multilatérales tentent de se défendre. Diplomates et économistes cherchent à convaincre Washington que ces institutions sont essentielles à la stabilité mondiale. Mais avec un Trump attaché aux rapports de force et un entourage favorable à une réduction de l’implication américaine, l’avenir du financement international est incertain. Si les États-Unis se retirent, la Chine pourrait en profiter pour renforcer son influence sur le développement mondial.