Une reconnaissance historique attendueLe 28 novembre 2023, Emmanuel Macron a officiellement reconnu le massacre de Thiaroye, qui s’est produit le 1er décembre 1944 près de Dakar. Dans une lettre au président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, le président français a affirmé que “la France doit reconnaître” la responsabilité de ses forces coloniales dans ce tragique événement. C’est la première fois qu’un président français utilise le terme “massacre” pour décrire cette répression violente, ouvrant ainsi une nouvelle page dans les relations entre la France et le Sénégal. ce tragique événement. Pour la première fois, un chef de l’État français utilise le terme « massacre » pour qualifier cette répression sanglante, ouvrant ainsi une nouvelle page dans les relations entre la France et le Sénégal.
Ce massacre, qui a coûté la vie à des dizaines, voire des centaines de tirailleurs africains, fait depuis longtemps l’objet de controverses. Ces soldats démobilisés, revenus du front après avoir combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, réclamaient leurs arriérés de solde. La réponse de l’armée coloniale fut brutale : des coups de feu furent tirés, entraînant un bilan officiel de 70 morts, bien que les historiens estiment que le nombre réel soit bien plus élevé. La reconnaissance par Macron de cet “enchaînement de faits ayant abouti à un massacre” marque un tournant significatif dans la façon dont la France regarde son passé colonial.
Le massacre de Thiaroye a longtemps été occulté par les autorités françaises, et les événements du 1er décembre 1944 sont restés tabous pendant des décennies. Pour beaucoup de Sénégalais, cette répression est l’un des symboles les plus marquants des injustices infligées aux soldats africains par la France coloniale. La demande des tirailleurs était simple : être payés pour leurs services rendus à la patrie qui les avait mobilisés. Cependant, leur courage a été réprimé par une violence disproportionnée, qui reflète la difficulté de l’époque à concilier les idéaux de liberté et d’égalité avec la réalité coloniale.
La lettre de Macron appelle aussi à un travail conjoint des historiens français et sénégalais pour établir les faits avec précision. Le président français a souligné la nécessité de poursuivre la coopération engagée, afin de “bâtir une mémoire partagée et apaisée”. Des efforts seront menés pour retrouver les archives manquantes et établir la liste des victimes. Bassirou Diomaye Faye a salué cette initiative, la qualifiant de “pas important vers la manifestation de la vérité”. Pour lui, il est crucial de mettre fin au silence autour de cette “plaie béante” qui a marqué l’histoire commune des deux nations.
Parmi les archives qui font encore défaut, la liste des tirailleurs présents à Thiaroye le matin du 1er décembre 1944, ainsi que la localisation exacte des tombes des victimes, demeurent des éléments cruciaux. Les historiens sénégalais, avec l’appui de leurs homologues français, continuent de mener des recherches intensives pour mettre au jour ces pièces essentielles à la compréhension de ce drame. Ces éclaircissements sont indispensables pour rendre justice aux familles des victimes et permettre une réconciliation durable entre les mémoires des deux pays.
La reconnaissance de ce massacre par Macron est perçue par beaucoup comme un geste de bonne foi qui pourrait ouvrir la voie à une réconciliation des mémoires entre la France et ses anciennes colonies. Le président français entend prouver, par la mise en place rapide de missions d’historiens et la disponibilité des archives, que la France n’a rien à cacher. Pour les descendants des tirailleurs sénégalais, cette reconnaissance officielle est une première étape vers une justice historique longtemps attendue.