La Banque africaine de développement (BAD) a accordé un prêt de 47,5 millions de dollars au Royaume d’Eswatini pour financer un programme de réformes économiques sur deux ans. Ce soutien vise à renforcer la résilience budgétaire du pays, stimuler une croissance inclusive et répondre à l’urgence sociale représentée par le chômage élevé des jeunes et des femmes.
Le prêt servira à mettre en œuvre le Programme de renforcement de la résilience économique et de la compétitivité (EERCP), aligné sur le Plan national de développement 2023-2028 du pays. Ce programme se structure autour de deux axes : l’assainissement de la gestion des finances publiques et la stimulation de la compétitivité, notamment par la réforme des entreprises publiques, la modernisation des procédures de passation des marchés et l’inclusion du genre dans les politiques économiques.
L’intervention de la BAD intervient dans un contexte économique préoccupant. Après avoir connu une croissance de 5 % en 2023, l’Eswatini voit son PIB ralentir à environ 3,6 % en 2024, principalement à cause de conditions climatiques extrêmes qui affectent la production agricole. Par ailleurs, le déficit budgétaire s’aggrave, passant de 1,5 % à 1,7 % du PIB, en raison d’une baisse des recettes douanières et d’une hausse des dépenses publiques.
Cette fragilité budgétaire menace non seulement les équilibres macroéconomiques, mais aussi la capacité du pays à financer ses politiques sociales et ses investissements dans les infrastructures. Dans ce contexte, le soutien extérieur devient essentiel pour maintenir un minimum de stabilité et engager les réformes nécessaires.
L’intervention de la BAD s’inscrit dans une série d’appuis déjà fournis à l’Eswatini, notamment après la pandémie de Covid-19. Plus largement, ce soutien reflète une orientation stratégique de l’institution panafricaine : accompagner les pays fragiles d’Afrique australe dans la mise en œuvre de réformes structurelles tout en favorisant une croissance durable, tirée par le secteur privé.
À travers le programme EERCP, la BAD espère aussi encourager un changement d’approche dans la gouvernance économique du pays. L’idée est d’ancrer les réformes dans une logique de performance, d’efficacité des dépenses publiques et d’ouverture au secteur privé.
Parmi les résultats attendus figurent la réduction des arriérés de paiement intérieur, une contribution plus significative du secteur privé au PIB, une augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national, ainsi qu’une amélioration des indicateurs de gouvernance budgétaire mesurés par la BAD elle-même.
Cependant, ces ambitions devront composer avec des réalités politiques et institutionnelles souvent lentes à évoluer. La mise en œuvre effective des réformes dépendra autant de la volonté politique locale que de la capacité de l’administration à traduire les engagements en actions concrètes.
En soutenant l’Eswatini dans ce tournant économique, la BAD prend un pari : celui que des réformes bien conçues, assorties d’un financement adéquat et d’un accompagnement technique rigoureux, peuvent poser les bases d’un redressement durable. Le cas de l’Eswatini sera donc un test pour la crédibilité des approches régionales en matière de résilience économique, à l’heure où de nombreux États africains affrontent des défis budgétaires similaires.