Le lieutenant-général Tadesse Werede a été nommé président de l’Administration intérimaire de la région du Tigré (TIRA), un poste clé pour la stabilité de la région et de l’Éthiopie. Cette nomination intervient le 8 avril 2025, après plusieurs mois de tensions dans cette zone du nord du pays, encore marquée par les séquelles de la guerre civile qui a dévasté le Tigré de 2020 à 2022. Désigné par le Premier ministre Abiy Ahmed, Tadesse Werede est un acteur majeur du paysage politique tigréen, avec une mission qui s’annonce complexe : mettre en œuvre les accords de paix de Pretoria et garantir la paix dans une région toujours sous tension.
Âgé de 67 ans, Tadesse Werede n’est pas un inconnu dans le monde militaire et politique du Tigré. Ancien combattant contre le régime communiste du Derg dans les années 1980, il a ensuite occupé des fonctions importantes au sein du Front de Libération du Peuple Tigréen (TPLF). Il a dirigé les forces armées tigréennes durant le conflit de 2020 à 2022, un affrontement sanglant avec le gouvernement central. Son retour à la tête de l’Administration intérimaire intervient dans un contexte de méfiance persistante, bien qu’il bénéficie de la confiance totale du Premier ministre Abiy Ahmed, qui espère instaurer une « nouvelle culture politique » en nommant ce vétéran de la guerre.
La nomination de Tadesse Werede s’inscrit dans un contexte de réconciliation après deux ans de guerre dévastatrice. Le conflit entre le TPLF et le gouvernement fédéral a fait plus de 600 000 morts et laissé des cicatrices profondes sur la population et les infrastructures du Tigré. Bien que les accords de paix de Pretoria, signés en novembre 2022, aient permis un cessez-le-feu, la région reste fragile. La fin du précédent mandat de l’Administration intérimaire, marquée par des tensions croissantes avec le TPLF, a fait naître des inquiétudes quant à la stabilité de la région. L’arrivée de Tadesse Werede à la tête de cette structure transitoire vise à restaurer un semblant d’ordre dans un territoire où les conflits de pouvoir sont loin d’être résolus.
L’un des défis majeurs auxquels Tadesse Werede sera confronté durant son mandat est la mise en œuvre des accords de paix de Pretoria. Ces accords ont certes permis de calmer les affrontements militaires, mais la situation politique demeure instable. Le TPLF, bien que signataire de la paix, continue de critiquer l’Administration intérimaire, ce qui complique la réconciliation et la gestion des autorités locales. Tadesse Werede devra donc jongler entre les attentes du gouvernement fédéral et les aspirations du Tigré, tout en faisant face à des groupes armés et des fractures internes au sein de la région.
Si le Premier ministre Abiy Ahmed place une confiance totale en Tadesse Werede, le contexte reste tendu. Le prolongement de l’Administration intérimaire jusqu’à mars 2026 témoigne d’une volonté de maintenir une stabilité fragile, mais le scepticisme demeure dans certaines factions politiques tigréennes. Le TPLF, malgré ses critiques envers le précédent président de la TIRA, pourrait avoir des attentes spécifiques vis-à-vis de cette nouvelle nomination. Le général Werede, fort de son passé militaire et politique, aura la tâche ardue de concilier les différents acteurs, tout en tentant de restaurer un climat de paix et de confiance dans la région.
Au-delà des enjeux internes, la communauté internationale pourrait jouer un rôle crucial dans l’accompagnement du processus de reconstruction et de réconciliation au Tigré. Des acteurs internationaux, comme l’Union africaine et les Nations unies, continuent de surveiller de près la situation dans la région. Le succès du mandat de Tadesse Werede dépendra en partie de son habilité à négocier avec ces partenaires tout en adressant les aspirations locales à une paix durable et à une autonomie accrue pour le Tigré. Les mois à venir seront décisifs pour évaluer la viabilité de ce processus de paix fragile et ses répercussions sur l’ensemble de l’Éthiopie.
Over the past month, extensive discussions have taken place putting into consideration the Ethiopian Constitution, the Pretoria Agreement and the perspectives of the diplomatic community. Following the conclusion that a transitional government should continue—tasked with key… pic.twitter.com/vDK0iXYsMo
— Abiy Ahmed Ali 🇪🇹 (@AbiyAhmedAli) April 8, 2025