Un tremblement de terre de magnitude 5,8 sur l’échelle de Richter a secoué, vendredi 3 janvier, le nord de l’Éthiopie, provoquant une vague d’inquiétude dans la région. Bien qu’aucun blessé n’ait été signalé, plusieurs milliers de personnes ont été évacuées en raison de l’intensité croissante des secousses. Le phénomène s’ajoute à une série d’activités sismiques enregistrées dans la zone depuis plusieurs mois.
La secousse principale a été enregistrée à 20h, heure locale, à une cinquantaine de kilomètres d’Asbe Teferi, entre les régions de l’Afar et de l’Oromia. Depuis septembre, 67 secousses ont été recensées dans cette zone du Rift éthiopien, une région géologiquement active. Certaines de ces secousses, de plus en plus puissantes, ont même été ressenties à Addis-Abeba, située à 230 km de là . « Cette séquence est inquiétante parce que les magnitudes augmentent », alerte Cécile Doubre, sismologue à l’École et observatoire des sciences de la Terre de Strasbourg.
Le Rift éthiopien est connu pour son activité tectonique et volcanique intense. Vendredi soir, des émanations de fumée ont été observées au Mont Dofan, un volcan situé dans la région. Des colonnes de gaz et de débris sous pression ainsi que des fractures profondes dans le sol ont alimenté les craintes d’une possible éruption. Cependant, les experts restent prudents : « Il y a des mouvements de magma sous la surface, mais rien ne permet d’affirmer qu’une éruption est imminente », précise Cécile Doubre.
Le Mont Dofan se situe près d’une route stratégique reliant Djibouti à l’Éthiopie, un axe crucial pour l’approvisionnement du pays. Une éruption ou une intensification des secousses pourrait entraîner le blocage de cet itinéraire, avec des conséquences économiques majeures. Par ailleurs, les dégâts matériels s’accumulent : des habitations se sont effondrées, et plusieurs écoles et centres de santé ont été endommagés, selon Mohammed Hussein, responsable de la gestion des risques dans la région de l’Afar.
Face à cette situation alarmante, les autorités éthiopiennes ont mis en œuvre un plan d’évacuation. À ce jour, 2 000 personnes ont été relogées dans cinq refuges temporaires, notamment dans la ville d’Awash Arba. « La population était réticente à quitter ses villages, mais la gravité des dégâts les pousse désormais à chercher refuge », explique Mohammed Hussein. Les autorités estiment que jusqu’à 80 000 personnes pourraient être affectées par les activités sismiques et volcaniques.
Des experts ont été déployés sur place pour évaluer la situation et surveiller de près l’évolution des phénomènes sismiques et volcaniques. Si les habitants sont invités à la prudence, l’incertitude persiste quant à l’ampleur des risques à venir. Pour les populations locales et les autorités, la priorité reste d’assurer la sécurité des déplacés et de limiter les impacts économiques et sociaux d’une éventuelle catastrophe.