L’armée tchadienne a annoncé le 18 février la conclusion de l’opération Haskanite, une vaste offensive contre Boko Haram qui a permis de neutraliser 297 membres du groupe terroriste. Cette opération a été menée après plusieurs mois de combats acharnés dans la région du lac Tchad. Cependant, elle a également coûté la vie à 24 soldats tchadiens et trois civils, avec 41 blessés dans les rangs des forces armées.
L’opération Haskanite a débuté fin octobre 2024, suite à une attaque sanglante menée par Boko Haram contre une base militaire tchadienne, qui avait fait une quarantaine de morts parmi les soldats. Le porte-parole de l’armée, le général Chanane Issakha Acheik, a précisé que les opérations aériennes et terrestres menées ont permis de cibler efficacement toutes les lignes de front et les bases arrière de l’ennemi, laissant Boko Haram sans sanctuaire sur le sol tchadien. Ces actions ont été cruciales pour contrer les attaques incessantes du groupe terroriste, qui déstabilise la région depuis plusieurs années.
Cette offensive s’inscrit dans un contexte régional tendu, où plusieurs pays du bassin du lac Tchad, dont le Tchad, le Nigeria, le Cameroun et le Niger, sont confrontés à des attaques de Boko Haram et de son groupe dissident, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Depuis 2009, ces groupes terroristes sont responsables de milliers de morts et de millions de déplacés dans la région. Le Tchad, un acteur clé dans la lutte contre Boko Haram, a régulièrement mené des opérations militaires pour contrer cette menace croissante.
Les perspectives de la lutte contre Boko Haram restent incertaines, malgré les succès militaires enregistrés. Si l’armée tchadienne a affirmé avoir éliminé une part significative de l’ennemi, la menace demeure persistante en raison de la structure décentralisée et résiliente du groupe terroriste. Les autorités tchadiennes soulignent la nécessité de maintenir une vigilance accrue et d’intensifier les efforts régionaux pour éliminer cette menace. Les répercussions économiques et sociales des attaques terroristes sur les populations locales demeurent également préoccupantes.
Les analystes estiment que la fin de l’opération Haskanite pourrait marquer une phase de renouveau dans la lutte contre Boko Haram, mais cela dépendra largement de la coopération des États voisins. La collaboration au sein du G5 Sahel et de la force multinationale mixte pourrait être renforcée, bien que des divergences politiques et stratégiques subsistent entre les pays concernés. Les pays de la région doivent également s’attaquer aux causes profondes de l’insurrection, telles que la pauvreté, le manque de développement et l’exclusion sociale, qui alimentent le recrutement au sein des groupes terroristes.
Des témoins sur le terrain, dont des habitants des zones touchées, ont rapporté des scènes de destruction massive après les combats, avec des villages complètement rasés par les attaques et les bombardements aériens. Les populations locales, qui subissent quotidiennement les conséquences des violences de Boko Haram, expriment leur espoir qu’une paix durable puisse émerger de ces combats, bien qu’elles restent sceptiques quant à la capacité des autorités de maintenir l’ordre sur le long terme.