Dans la nuit de lundi à mardi 24 décembre, plusieurs dizaines de diplômés gabonais sans emploi ont campé devant l’Assemblée nationale à Libreville. Membres de la Coalition des mouvements de lutte contre le chômage, ces manifestants expriment leur exaspération face à l’inaction du gouvernement dirigé par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, malgré des promesses formulées il y a quatre mois.
Depuis la prise de fonction d’Oligui Nguema, les attentes sont grandes parmi les jeunes Gabonais, en particulier ceux ayant souffert des restrictions imposées sous le régime précédent. Ces diplômés, certains sans emploi depuis dix ans, se disent victimes du gel des recrutements dans la fonction publique. Alors qu’ils espéraient une amélioration avec le nouveau gouvernement, leur situation reste inchangée, alimentant leur frustration et leur sentiment d’abandon.
Le gel des recrutements dans la fonction publique, instauré sous l’ancien gouvernement déchu, a duré huit ans. Cette mesure avait été justifiée à l’époque par des contraintes budgétaires et la volonté de restructurer l’administration. Cependant, elle a laissé des milliers de jeunes diplômés dans l’impasse, sans perspective professionnelle. Aujourd’hui, malgré la chute de l’ancien régime, le gouvernement actuel tarde à mettre en place des solutions concrètes.
Face à cette situation, les diplômés manifestants exigent des réponses rapides et des actions concrètes pour remédier à leur exclusion du marché du travail. Les promesses de création d’emplois et de réintégration dans la fonction publique formulées par Oligui Nguema suscitent désormais scepticisme et colère. Si le gouvernement ne réagit pas rapidement, ces tensions pourraient déboucher sur une contestation sociale plus large.
William Okouma, diplômé en logistique et chômeur depuis dix ans, témoigne de son désarroi : « Je cherchais du travail dans ce pays, on m’a dit qu’il y avait le gel. Dix ans après, on me dit que je ne peux plus intégrer la fonction publique. Pourquoi faire de longues études pour qu’au final, mon gouvernement me dise qu’il faut aller vendre des sandwichs ? ». Son témoignage illustre l’amertume de cette génération sacrifiée.
La mobilisation des diplômés sans emploi devant l’Assemblée nationale reflète un problème plus vaste qui dépasse les promesses électorales. La situation du chômage au Gabon met en lumière les défis structurels du pays : un marché du travail saturé, une administration encore rigide et une jeunesse en quête de reconnaissance et de perspectives. Cette crise pourrait bien devenir un test décisif pour le gouvernement Oligui Nguema.