Au Gabon, quatre figures politiques majeures, jadis adversaires, se sont réunies pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une dérive du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Lors d’une conférence de presse tenue le 8 janvier, Albert Ondo Ossa, Alain-Claude Bilie-By-Nze, Pierre-Claver Maganga Moussavou et Ali Akbar Onanga Y’Obégué ont exigé la non-participation des militaires aux prochaines élections de fin de transition.
Ces anciens responsables politiques accusent le CTRI de manipuler le calendrier électoral en leur faveur, rompant avec leurs engagements initiaux. Dans leur déclaration commune, les opposants ont formulé cinq exigences clés : le retrait des militaires des processus électoraux, un retour à la Constitution de 1991, la refonte du Code électoral, une mobilisation citoyenne pacifique, et une communication transparente sur le calendrier de sortie de transition.
Ces critiques interviennent dans un climat tendu, quelques mois après le coup d’État militaire du 30 août 2023 qui a renversé Ali Bongo Ondimba. Les autorités de transition, dirigées par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, sont accusées par les opposants de s’éloigner de leurs promesses initiales, notamment celle de remettre le pouvoir aux civils. Ce mouvement collectif traduit une montée de la contestation face à un régime de transition perçu comme autoritaire.
Alors que le projet de Code électoral sera examiné au Parlement de transition à partir du 9 janvier, les opposants appellent à un sursaut de patriotisme pour éviter que le Gabon ne devienne, selon leurs termes, « un laboratoire pour tester le coup d’État politiquement correct ». Ils soulignent l’urgence de réformes démocratiques pour garantir la transparence et la crédibilité des prochaines élections.
Albert Ondo Ossa a vivement critiqué le général Nguema, affirmant qu’il ne pourrait pas obtenir « 5 % des voix » lors d’une élection démocratique. Pierre-Claver Maganga Moussavou, ancien vice-président, a quant à lui rappelé que « le chef de la transition n’a pas de raison de triompher » et doit honorer son engagement de transférer le pouvoir aux civils, une condition essentielle pour restaurer la stabilité politique du pays.
Cette prise de position collective a provoqué des réactions diverses. Eric Simon Zue, du Cercle de réflexion populaire sur la transition, a défendu le général Nguema, soulignant que sa prise de pouvoir a permis aux opposants d’exprimer librement leurs opinions. Le palais présidentiel, pour l’heure, n’a émis aucun commentaire, laissant planer le doute sur d’éventuelles réponses aux revendications formulées.