Par TV5 Monde
Le courant ne passait plus du tout entre le président et son Premier ministre.
Le nouveau Premier ministre du Burundi, Gervais Ndirakobuca, a fait une grande partie de sa carrière au sein de l’appareil sécuritaire et est réputé comme un “dur”, qui a notamment joué un rôle-clé dans la féroce répression de la crise de 2015.
Âgé de 52 ans, il a été nommé mercredi à la place d’Alain-Guillaume Bunyoni, cinq jours après que le président Évariste Ndayishimiye a dénoncé des velléités de “coup d’Etat” parmi ceux qui se croient “tout-puissants” et passent leur temps “à saboter” son action.
“Contrairement à Bunyoni qui est très froid, calculateur et très prudent, Ndirakobuca est un homme qui n’hésite pas à trancher dans le vif, quitte a être totalement brutal”, confie à l’AFP un cadre de la présidence qui a côtoyé les deux hommes.
A partir du début des années 2000, Ndirakobuca a gravi les échelons de l’appareil sécuritaire, occupant notamment les postes de directeur adjoint de la police et de chef du redouté Service national des renseignements (SNR).
Accusé d’être un des acteurs de la violente répression menée durant la crise politique de 2015, il a été visé par des sanctions américaines, qui ont été levées à partir de fin 2021. Il reste en revanche parmi les personnalités visées par des sanctions de l’UE pour son rôle dans cette crise.
Cette année-là, l’opposition avait jugé illégale la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat.
La contestation qui avait suivi avait été violemment réprimée, avec des exécutions sommaires, disparitions, détentions arbitraires, torture et violences sexuelles contre toute voix dissidente. Cette crise a fait au moins 1.200 morts et poussé quelque 400.000 Burundais à l’exil.
– Sanglant surnom –
Lorsque Pierre Nkurunziza est décédé subitement en juin 2020, son successeur Evariste Ndayishimiye a placé Gervais Ndirakobuca à la tête de ce que beaucoup considéraient comme un “super ministère” de l’Intérieur et de la Sécurité publique.
Ce gouvernement incluait des tenants de la ligne dure au sein du régime burundais.
Il n’a pas hésité à prendre des mesures impopulaires, comme l’interdiction en mars des vélos-taxis, motos-taxis et tuk-tuks dans une grande partie de la capitale économique, Bujumbura. Il accusait ces moyens de transport répandus d’être responsables de la majorité des accidents mortels.
Son ascension a débuté durant la guerre civile qui a ravagé le Burundi (300.000 morts) entre 1993 et 2006.
Au moment de la signature de l’accord de cessez-le-feu, celui qui était simple étudiant dans le nord-ouest du pays quand il avait rejoint les rangs de la rébellion hutu Forces de Défense de la Démocratie (FDD), en était devenu l’un des principaux commandants.
C’est durant cette période qu’il a hérité de son surnom de “Ndakugarika”, signifiant littéralement “Je vais t’étendre raide mort” en kirundi, la langue nationale.
Il est père de 8 enfants.