Sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice ivoirienne, Guillaume Soro, actuellement en exil au Niger, s’est rendu à Accra, au début du mois d’avril. Ce déplacement, qu’il a largement documenté sur ses réseaux sociaux, a vu l’ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire visiter des lieux symboliques du Ghana, dont le mémorial de Kwame Nkrumah et la tombe de l’ancien président Jerry Rawlings. Un point central de cette visite fut sa rencontre avec l’actuel président ghanéen, John Dramani Mahama. Bien que le gouvernement ghanéen ait qualifié ce voyage de « privé », les publications de Soro sur ses réseaux sociaux mettent en avant un accueil digne d’un « homme d’État reconnu ».
La visite de Guillaume Soro à Accra, bien que qualifiée de privée par la présidence ghanéenne, a été marquée par une réception soigneusement orchestrée. Le 8 avril, il est d’abord reçu par Larry Gbevlo-Lartey, envoyé spécial du Ghana auprès de l’Alliance des États du Sahel, avant de rencontrer, le lendemain, le président Mahama lors d’une entrevue discrète. Lors de cette visite, Soro a également pris le temps de dénoncer publiquement la situation qui l’a conduit à l’exil, pointant du doigt l’attitude du président ivoirien, Alassane Ouattara, qu’il accuse de refuser la justice et de le contraindre à vivre hors de son pays.
Guillaume Soro est l’objet d’une condamnation par la justice ivoirienne, qui lui a infligé une peine de prison à perpétuité en 2021 pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Cette sentence fait suite à des tensions politiques croissantes entre lui et l’actuel président Ouattara. En conséquence, Soro a été contraint de quitter la Côte d’Ivoire et de chercher refuge au Niger, où il vit en exil. Le mandat d’arrêt international lancé contre lui souligne l’ampleur des divergences politiques, mais aussi les tensions qui pèsent sur la diplomatie régionale, notamment avec le Ghana, voisin immédiat de la Côte d’Ivoire.
La visite de Soro à Accra soulève plusieurs questions diplomatiques et politiques. Si le Ghana assure qu’aucun problème n’a été causé à la Côte d’Ivoire, le silence d’Abidjan après cette visite laisse planer des interrogations sur les relations bilatérales entre les deux pays. Le ministre ghanéen des Affaires étrangères a précisé que les autorités ivoiriennes avaient été informées de la présence de Guillaume Soro à Accra, ce qui montre que le Ghana, tout en soutenant l’exil de Soro, semble vouloir éviter toute escalade diplomatique.
Guillaume Soro, figure importante de la politique ivoirienne, reste une personnalité clé dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. Son exil n’a pas freiné sa volonté d’intervenir sur la scène politique et de critiquer ouvertement le régime d’Alassane Ouattara. Les répercussions de ses déplacements, notamment au Ghana, risquent d’être observées de près, non seulement par la Côte d’Ivoire, mais aussi par la communauté internationale. Ses prises de position, souvent acerbes, alimentent les tensions politiques et relancent les débats sur la justice et la réconciliation en Côte d’Ivoire.
La situation de Guillaume Soro, entre exil et condamnation judiciaire, reflète les complexités des relations politiques et diplomatiques en Afrique de l’Ouest. Sa visite à Accra est un nouvel épisode d’une lutte politique qui dépasse les frontières ivoiriennes, touchant à la fois les relations diplomatiques et la stabilité régionale. Le destin de Soro, pris entre la justice de son pays et la politique internationale, continue de marquer les enjeux de la politique ivoirienne et ouest-africaine.