Le 16 mai, les autorités ghanéennes ont interpellé plus de 2 000 personnes en situation irrégulière à Accra. Originaires pour la plupart du Burkina Faso, du Togo, du Niger et du Nigeria, ces migrants ont été arrêtés dans le cadre d’une vaste opération menée par les services d’immigration. Le gouvernement justifie ces arrestations par la nécessité de préserver la sécurité nationale, sur fond d’inquiétudes liées à une mendicité de plus en plus visible dans les rues de la capitale.
Selon le ministre de l’Intérieur, Muntaka Mubarak, cette opération vise à contrer une forme d’organisation soupçonnée derrière certaines activités de rue, perçues comme une menace potentielle. Les migrants arrêtés ont été soumis à des contrôles de sécurité et à des examens médicaux. Cette initiative marque un durcissement des mesures migratoires au Ghana, dans un contexte où les flux migratoires régionaux échappent de plus en plus au contrôle des États.
Cette montée des migrations vers le Ghana s’inscrit dans un climat de forte instabilité en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Ces pays font face à des violences djihadistes persistantes, poussant des milliers de personnes à fuir. Pour David Asante Darko, analyste au Ghana Centre for Democratic Development, ces migrants sont majoritairement des réfugiés, arrivant au Ghana sans ressources ni hébergement. Il alerte toutefois sur le fait que les frontières poreuses du pays rendent la gestion de ces flux particulièrement délicate.
Si certains appellent à plus de compassion, estimant qu’il serait déraisonnable de renvoyer ces personnes vers des zones de conflit, d’autres soulignent les risques sécuritaires liés à leur présence. David Asante Darko évoque une préoccupation croissante : celle de voir des éléments terroristes se dissimuler parmi les réfugiés. Un scénario redouté par les services de renseignement, qui craignent une infiltration silencieuse sur le territoire ghanéen.
La situation met en lumière un dilemme auquel sont confrontées de nombreuses capitales ouest-africaines : comment conjuguer sécurité intérieure, solidarité régionale et respect des droits humains ? Le Ghana, souvent perçu comme un havre de stabilité dans une région en crise, voit aujourd’hui son modèle mis à l’épreuve. La question du traitement réservé à ces migrants reste ouverte, dans l’attente de décisions politiques claires sur leur statut et leur avenir.