Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a poursuivi sa tournée diplomatique européenne, faisant escale à Rome ce mardi 9 décembre. Il y a rencontré le pape Léon XIV et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, dans une double quête de légitimité morale et de soutien matériel pérenne face à l’offensive russe et aux pressions américaines pour un plan de paix.
L’entretien avec le souverain pontife, d’une demi-heure à Castel Gandolfo, a porté sur la nécessaire « paix juste et durable » et le dossier brûlant des déportations d’enfants ukrainiens. Zelensky a publiquement invité Léon XIV à poursuivre les efforts de médiation de son prédécesseur et à se rendre à Kiev. Du côté politique, l’échange d’une heure trente avec Meloni a abouti à un engagement de principe au maintien de l’aide à l’Ukraine, mais sans annonce nouvelle majeure.
Cette visite s’inscrit dans un contexte de fragilisation critique du front de soutien à Kiev. Les États-Unis, principal bailleur militaire, poussent vers des négociations tandis qu’en Europe, la fatigue de la guerre gagne. En Italie, le gouvernement Meloni navigue depuis des mois entre son atlantisme affiché et les pressions de son partenaire de coalition, la Ligue de Matteo Salvini, historiquement proche du Kremlin et ouvertement sceptique sur l’utilité de l’aide militaire à l’Ukraine.
Les perspectives immédiates en Italie se cristallisent autour du renouvellement du décret d’aide militaire, promis par Meloni pour fin décembre mais bloqué par Salvini. À plus long terme, Rome devra arbitrer entre son alliance transatlantique, sous l’ère Trump, et la cohésion européenne. La question épineuse de l’utilisation des avoirs russes gelés pour financer la reconstruction ukrainienne, évitée lors des déclarations, reste un point de fracture majeur au sein de la coalition et avec les partenaires de l’UE.
L’audience papale constitue un atout symbolique important pour Zelensky, lui permettant de maintenir le crime de déportation d’enfants sous les projecteurs internationaux. Cependant, le Vatican, sous Léon XIV, semble adopter une ligne plus prudente que sous François, privilégiant les appels généraux au dialogue plutôt qu’une médiation active. Cette réserve contraste avec les attentes affichées par Kiev.
Analystes et observateurs notent que le soutien italien, bien que réaffirmé, est désormais conditionné à des équilibres politiques domestiques fragiles. La promesse d’envoi de générateurs électriques masque mal l’absence d’avancée sur les dossiers structurants : livraisons d’armes lourdes, système de défense aérienne et financement à long terme. Rome semble désormais jouer un rôle de suiveur, attentiste des positions qui se dessineront à Washington après l’investiture présidentielle de janvier.
Cette étape romaine illustre ainsi la nouvelle phase du conflit : une guerre d’usure sur le terrain doublée d’une bataille diplomatique d’influence tout aussi cruciale en Occident. Pour Zelensky, il ne s’agit plus seulement de convaincre de la justesse de sa cause, mais de lutter contre un phénomène de normalisation de l’agression russe et une lassitude croissante parmi ses alliés, dont les agendas nationaux reprennent le dessus.



