Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a annoncé un changement de calendrier pour les élections présidentielle et législatives, les avançant d’une semaine. Initialement prévues pour le 30 novembre 2025, ces élections se tiendront désormais le 23 novembre, selon un décret présidentiel publié le 7 mars 2025. Cette décision intervient dans un contexte politique tendu et à la suite d’une réunion avec des partis politiques, à laquelle l’opposition principale a choisi de ne pas participer.
La modification du calendrier électoral fait suite à une rencontre convoquée par le président avec plusieurs partis, dans le but de parvenir à un consensus sur la date des élections. Umaro Sissoco Embalo a justifié ce changement en évoquant les dispositions de la loi électorale, qui prévoient que les élections doivent se tenir entre le 23 octobre et le 25 novembre. Cette avance d’une semaine sur le calendrier initial vise à clarifier la situation électorale dans un contexte où le pays traverse une crise politique majeure.
La crise politique actuelle en Guinée-Bissau trouve son origine dans une série de tensions institutionnelles et de désaccords entre l’exécutif et l’opposition. La principale coalition d’opposition, dirigée par l’ex-président et ancien Premier ministre Domingos Simoes Pereira, considère que le mandat d’Embaló a pris fin le 27 février 2025, date anniversaire de son investiture en 2020. Cependant, une décision de la Cour suprême a repoussé la fin de son mandat au 4 septembre 2025, créant un conflit sur la légitimité de sa gouvernance actuelle.
L’avancement de la date des élections pourrait exacerber les tensions politiques, notamment avec l’opposition, qui considère ce geste comme une tentative de détourner l’attention et de prolonger la présidence d’Embaló. Le boycott de la réunion par la coalition de Domingos Simoes Pereira montre l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays. À court terme, la question de la légitimité de la présidence d’Embaló et l’impasse entre l’exécutif et l’opposition continueront de peser sur le climat politique, avec des conséquences potentielles sur l’organisation et la transparence des élections à venir.
Des analystes politiques soulignent que cette crise pourrait impacter les relations diplomatiques de la Guinée-Bissau avec ses voisins et la communauté internationale. Certains experts redoutent que l’incertitude politique n’affecte les investissements et les réformes économiques, alors que le pays a besoin de stabilité pour faire face à des défis majeurs, notamment en matière de sécurité et de développement social. Le rôle des institutions internationales et de la communauté économique ouest-africaine (CEDEAO) pourrait être crucial dans la facilitation du dialogue entre les parties prenantes.
Un ancien diplomate de la Guinée-Bissau, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a affirmé que la crise actuelle risquait de « miner les efforts pour une véritable transition démocratique dans le pays ». Selon lui, l’avancement des élections pourrait être perçu comme un moyen pour Embalo de se maintenir au pouvoir, au détriment des principes démocratiques. Pour que la Guinée-Bissau dépasse cette crise, un retour au dialogue et à la négociation semble impératif, malgré les réticences des parties en présence.