Un groupe d’officiers militaires a annoncé, mercredi 26 novembre, avoir pris le contrôle de la Guinée-Bissau et suspendu le processus électoral en cours. Cette annonce fait suite à des tirs nourris entendus dans la journée près du palais présidentiel de Bissau, où le président sortant, Umaro Sissoco Embaló, affirme avoir été arrêté.
Le « Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre », dirigé par le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire du palais, a proclamé son autorité « jusqu’à nouvel ordre ». Les putschistes ont pris deux mesures immédiates : la suspension de l’ensemble du processus électoral, ce qui équivaut à une annulation des scrutins présidentiel et législatifs du 23 novembre, et la suspension des programmes dans les médias. Ils ont également fermé les frontières du pays et appelé la population au calme.
Ce coup de force s’inscrit dans un contexte de crise politique récurrente en Guinée-Bissau, un pays marqué par une instabilité chronique depuis son indépendance. La précédente élection présidentielle, en 2019, avait déjà débouché sur une crise post-électorale de plusieurs mois, Umaro Sissoco Embaló et son rival Domingos Simões Pereira s’étant tous deux déclarés vainqueurs. L’annonce des résultats officiels du scrutin de dimanche dernier, initialement prévue pour le jeudi 27 novembre, ravivait ces tensions, le président sortant et son principal concurrent, Fernando Dias da Costa, ayant chacun revendiqué la victoire dès mardi.
Les perspectives immédiates sont extrêmement incertaines. Cette suspension du processus électoral par la force des armes plonge le pays dans une nouvelle période d’instabilité et remet en cause toute transition démocratique pacifique. La réaction de la communauté internationale, notamment de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), qui a une histoire d’interventions dans les crises bissau-guinéennes, est désormais attendue avec une acuité particulière.
Selon des informations recoupées par plusieurs médias, le président Embaló a personnellement confirmé son arrestation et celle de son ministre de l’Intérieur, Botché Candé, ainsi que des plus hauts gradés de l’armée, dont le chef d’état-major général. Il a identifié le chef d’état-major de l’armée de terre comme étant l’instigateur de ce putsch, tout en assurant n’avoir subi aucune violence. Malgré ces déclarations, sa localisation exacte restait inconnue en fin de journée.
Si la situation était rapportée comme calme en milieu d’après-midi, avec un déploiement de la Garde présidentielle sur les axes stratégiques, cette apparente accalmie masque une prise de contrôle des institutions par les putschistes. Cet événement rappelle douloureusement l’histoire politique du pays, où l’armée a souvent joué un rôle déstabilisateur, et soulève de graves interrogations sur la capacité de la Guinée-Bissau à consolider ses institutions démocratiques.



