En Guinée, les scrutins de fin de transition, dont le référendum constitutionnel prévu pour le 21 septembre et les élections devant marquer la fin de la transition en 2025, ne seront pas organisés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), comme cela a été le cas depuis 2010. Cette responsabilité incombera désormais au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD), une décision qui a fait l’objet de vifs débats dans le pays.
L’annonce officielle a été faite lors d’une conférence de presse tenue le 9 avril par Djenabou Touré, directrice des affaires politiques et administratives au sein du MATD. Elle a expliqué que cette réorganisation s’inscrit dans le cadre des recommandations formulées lors du “dialogue politique inter-guinéen” de 2022, bien que ce dernier ait été largement boycotté par les partis d’opposition. En plus de cette décision, un “observatoire” sera créé pour permettre aux partis politiques et à la société civile de superviser et contrôler les actions du ministère. Cette initiative vise à renforcer la transparence du processus électoral.
Cette réorientation du processus électoral se base sur les critiques formulées par les autorités de la transition à l’égard de la CENI. Selon plusieurs responsables gouvernementaux, l’organisation d’élections par la CENI serait trop coûteuse et générerait des crises électorales. En conséquence, le gouvernement de transition a opté pour une gestion directe du processus électoral, une décision qui ne fait pas l’unanimité parmi les partis politiques. L’UFDG de Cellou Dalein Diallo et l’UFR de Sidya Touré, notamment, dénoncent cette initiative, la jugeant illégale et réclamant le rétablissement de la CENI, qu’ils estiment plus apte à garantir des élections libres et transparentes.
Cette nouvelle organisation des scrutins a des implications notables sur la crédibilité des élections à venir. Les partis politiques de l’opposition craignent que l’implication du ministère de l’Administration du territoire dans l’organisation des élections n’affaiblisse la transparence et la neutralité du processus. Certains observateurs estiment que cette mesure pourrait conduire à une contestation généralisée des résultats, en particulier si les élections sont perçues comme biaisées en faveur du gouvernement en place.
Alors que la fin de la transition se profile, cette décision du MATD soulève de nombreuses interrogations quant à l’avenir du processus démocratique en Guinée. Les élections de fin de transition, annoncées pour 2025, seront déterminantes pour le retour à un régime constitutionnel stable. Cependant, le climat de méfiance et la remise en cause de la légitimité du processus électoral pourraient freiner la réussite de cette transition. Le rôle de l’observatoire mis en place pour superviser le processus sera crucial, mais il reste à voir si cet organisme saura convaincre l’opposition et la société civile de la transparence du scrutin.
Malgré la création de l’observatoire, les partis politiques d’opposition restent sceptiques et affirment que le processus est biaisé. Le refus du dialogue politique inter-guinéen par les principales formations politiques montre l’absence de consensus autour de la gestion de la transition. L’avenir de la Guinée dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à trouver un compromis avec ses opposants et à garantir que les élections se dérouleront dans un climat de confiance et de transparence, condition sine qua non pour leur acceptation par tous.