En Guinée, la réhabilitation de l’ex-président Ahmed Sékou Touré par la junte provoque un vif débat. Ce geste symbolique est réalisé sous la présidence du colonel Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir le 5 septembre 2021. Le changement le plus marquant intervient en décembre, lorsque l’aéroport de la capitale, Conakry, est renommé en “Aéroport International Ahmed Sékou Touré.” Cette décision suscite à la fois l’approbation et la désapprobation au sein de la société guinéenne.
Ahmed Sékou Touré, ancien chef de l’État guinéen de 1958 à 1984, est un personnage complexe. Il est à la fois salué comme un héros pour son rôle dans la lutte pour l’indépendance de la Guinée et critiqué en tant que dictateur brutal responsable de la répression et de l’exécution de ses opposants. La mémoire de Sékou Touré divise le pays, reflétant un dilemme commun à de nombreuses nations postcoloniales.
Pour mieux comprendre cette controverse, il est essentiel de se plonger dans le contexte historique de la Guinée. Ahmed Sékou Touré a été le premier président de la Guinée indépendante, un leader charismatique qui a œuvré pour l’autonomie nationale. Cependant, son règne a été marqué par des violations graves des droits de l’homme, avec des milliers de morts et de disparus. Cette dualité historique rend la réhabilitation de son nom délicate.
L’opinion publique guinéenne est partagée. Certains voient en Ahmed Sékou Touré un symbole du combat pour la dignité et l’indépendance, en particulier parmi la jeune génération en quête de modèles. La nostalgie pour son leadership demeure tangible. Cependant, les défenseurs des droits de l’homme réclament que la junte revienne sur sa décision, soulignant les atrocités commises sous son règne. Cette controverse soulève la question fondamentale de la manière dont un pays peut gérer son passé tumultueux tout en avançant vers l’avenir.