La Cour internationale de justice (CIJ) a rendu sa décision, ce 19 mai 2025, dans le différend opposant le Gabon à la Guinée équatoriale à propos de trois îlots en mer : Mbanié, Cocotiers et Conga. Le tribunal a tranché en faveur de Malabo, reconnaissant à la Guinée équatoriale la souveraineté sur ces territoires contestés depuis les années 1970.
Au cœur du litige : la question de savoir quel pays disposait d’un titre légal sur ces terres à l’époque de l’indépendance. Le Gabon fondait sa revendication sur une convention qualifiée de « bout de papier » par Malabo. Les juges ont estimé qu’elle n’avait pas de valeur légale. En revanche, ils ont reconnu la validité des titres hérités de la puissance coloniale espagnole par la Guinée équatoriale à son indépendance, le 12 octobre 1968. L’Espagne détenait alors l’autorité sur les trois îlots de manière continue et incontestée, a souligné la vice-présidente de la Cour, Julia Sebutinde.
Le conflit remonte à plus d’un demi-siècle. Dès les années 1970, les deux États voisins revendiquaient ces territoires maritimes, pour leur potentiel énergétique mais aussi symbolique. Mbanié, qui ne fait que 30 hectares, ainsi que les îlots de Cocotiers et Conga, n’ont jamais été peuplés. Mais ils pourraient receler d’importantes ressources en pétrole, en gaz, et en poissons. En l’absence d’un accord bilatéral, le différend avait été porté devant la CIJ.
La décision de la Cour ne met pas fin à toutes les tensions. Si la souveraineté est désormais établie en faveur de Malabo, Libreville conserve certaines préoccupations. Le Gabon perd une partie de son accès aux eaux territoriales. Toutefois, les juges ont salué la volonté commune des deux États de délimiter leur frontière maritime, étape cruciale dans un processus qui reste ouvert à la négociation.
Dans un communiqué officiel, le gouvernement gabonais a indiqué qu’il prenait acte de la décision de la CIJ. Il insiste cependant sur la nécessité de poursuivre les discussions, évoquant une « complexité supplémentaire » introduite par ce jugement. La porte-parole du gouvernement, Laurence Ndong, a réaffirmé l’attachement du Gabon au dialogue et au bon voisinage, appelant à renforcer la coopération régionale.
La perspective de gisements pétroliers explique en grande partie la ténacité du différend. Même si aucune extraction n’a encore été entamée, les deux pays misent sur les futures études géologiques pour confirmer la richesse potentielle de ces eaux. La décision de la CIJ devrait offrir un cadre juridique plus stable pour envisager l’exploitation de ces ressources dans les années à venir.