Après une décennie marquée par de lourdes pertes financières et plusieurs renflouements de l’État kényan, Kenya Airways annonce enfin des résultats bénéficiaires. C’est la première fois depuis 2012 que la compagnie aérienne parvient à redresser ses finances. Cette performance intervient après des années de restructuration, de rationalisation de sa flotte et de son réseau, ainsi que des ajustements stratégiques visant à maximiser la rentabilité de ses opérations.
Les efforts de restructuration de Kenya Airways semblent avoir porté leurs fruits. Le réseau de la compagnie a été revu pour se concentrer sur les lignes les plus rentables, avec l’abandon de certaines destinations jugées moins lucratives, comme le vol pour Mogadiscio. À l’inverse, les liaisons vers Londres et New York ont été renforcées pour capter un public plus large. De plus, Kenya Airways a entrepris un renouvellement de sa flotte, en remplaçant les avions les plus anciens par des modèles plus économes en carburant, contribuant ainsi à réduire ses coûts d’exploitation.
Le redressement de Kenya Airways ne s’explique pas uniquement par les décisions internes de la compagnie. La remontée du shilling kényan par rapport au dollar l’année dernière a également joué un rôle crucial dans l’amélioration de la rentabilité. Toutefois, malgré ces résultats positifs, la situation financière de la compagnie demeure fragile. L’État kényan, qui a plusieurs fois injecté des fonds dans Kenya Airways, envisage toujours la privatisation de la compagnie pour alléger son fardeau financier. Cependant, les discussions avec des investisseurs potentiels, dont une compagnie aérienne américaine, n’ont pas abouti jusqu’à présent.
Les perspectives pour Kenya Airways sont partagées. Si la compagnie semble aujourd’hui sur la voie de la stabilisation, la question de sa privatisation reste un point d’interrogation majeur. Le gouvernement kényan, qui cherche à alléger la pression financière sur ses finances publiques, espère pouvoir vendre la compagnie à un investisseur privé. Cependant, la recherche d’un acheteur peine à se concrétiser, laissant planer des doutes sur l’avenir à moyen terme de la société. En parallèle, le directeur général de Kenya Airways met en avant les résultats record de la compagnie, avec un nombre de passagers transportés et un chiffre d’affaires en forte hausse, pour démontrer la viabilité de son modèle économique.
Malgré des résultats financiers encourageants, Kenya Airways reste plombée par une lourde dette. La compagnie continue de dépendre des aides de l’État, comme en témoigne la récente injection de 150 millions de dollars en janvier 2025. Bien que l’audit des performances soit plutôt positif, les dettes restent un frein important à son développement durable. La question de la privatisation et de la gestion de cette dette sera décisive pour l’avenir de la compagnie.
L’avenir de Kenya Airways dépendra donc des choix stratégiques qu’elle prendra dans les mois à venir. Le maintien de l’équilibre financier passera par la gestion rigoureuse de sa dette et par la poursuite des efforts de restructuration, notamment dans l’optimisation de sa flotte et de son réseau. Si la compagnie parvient à sécuriser un investisseur stratégique, elle pourrait consolider sa place parmi les grandes compagnies aériennes africaines. Sinon, elle pourrait encore se retrouver à la croisée des chemins, dépendant de nouvelles interventions de l’État.