La France a-t-elle préparé une intervention militaire au Niger après le coup d’État de juillet 2023 ? C’est ce que suggèrent de récentes déclarations de Jean-Marie Bockel, l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron en Afrique. En effet, près de 2 000 soldats français ont été envoyés en urgence en Côte d’Ivoire juste après la crise, ce qui a fait se poser des questions sur les intentions réelles de la France dans la région.
Jean-Marie Bockel a été interrogé par la Commission de la défense de l’Assemblée nationale, où il a confirmé que les troupes françaises avaient été rapidement envoyées en Côte d’Ivoire. Il a déclaré : « Quand il y a eu la crise au Niger, on a été capable d’envoyer à Abidjan 2 000 hommes en quelques heures. » Officiellement, cette opération était une mesure de précaution, mais cela a quand même fait naître des questions sur une possible préparation à une intervention militaire.
Cette déclaration arrive après plusieurs accusations de la part des nouvelles autorités nigériennes contre la France. Après le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum, la France a été critiquée pour avoir déployé ses forces dans des pays voisins, ce que Paris a toujours nié. La situation a créé des tensions entre la France et les nouvelles autorités du Niger, et a rendu les relations diplomatiques et militaires encore plus compliquées.
La France a aussi soutenu une solution militaire préparée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour remettre Mohamed Bazoum au pouvoir. Bien que cette intervention n’ait jamais eu lieu, le fait que la France ait envisagé cette option montre bien les défis politiques et militaires dans la région du Sahel, qui a déjà connu plusieurs coups d’État et des crises de gouvernance.
Pour la France, la région du Sahel est stratégique car sa stabilité est essentielle pour la sécurité de l’Europe. Le déploiement de troupes en Côte d’Ivoire peut être vu comme un moyen de maintenir une présence dans la région, en cas d’aggravation de la situation. Cependant, les nouvelles autorités nigériennes ont vu ce déploiement comme une menace directe contre leur souveraineté.
Plusieurs analystes disent que la crise au Niger montre encore une fois les limites de la diplomatie française en Afrique, où les interventions militaires sont souvent perçues comme une ingérence. Certains estiment que la situation risque de mener à une rupture définitive entre Paris et ses anciens partenaires de la région du Sahel, qui cherchent de plus en plus à nouer des alliances avec d’autres pays comme la Russie ou la Chine, pour échapper à l’influence occidentale.