La Guinée émerge comme un nouvel épicentre de la contrebande de cacao en Afrique de l’Ouest, suscitant l’inquiétude des autorités ivoiriennes. En décembre dernier, environ 8 500 tonnes de cacao ivoirien ont été illégalement acheminées en Guinée, selon Reuters. Ce trafic, qui prive la Côte d’Ivoire de précieuses ressources, s’intensifie sur fond de hausse spectaculaire des cours mondiaux.
Le boom des prix du cacao sur les marchés internationaux, atteignant un record de 12 931 dollars la tonne en décembre, a favorisé l’essor des trafics. Les contrebandiers exploitent les écarts de prix entre les pays pour attirer les producteurs ivoiriens. En Guinée, les prix proposés dépassent largement le tarif garanti en Côte d’Ivoire, incitant les cultivateurs à céder leurs récoltes illégalement.
La proximité géographique entre la Guinée et la Côte d’Ivoire, avec une frontière commune de 610 kilomètres, facilite les opérations clandestines. Contrairement au Liberia, où des obstacles naturels comme le fleuve Cavally compliquent le transport, la Guinée offre des voies d’accès multiples pour les camions chargés de cacao. Cette situation rend les efforts de contrôle particulièrement complexes pour les autorités ivoiriennes.
Le trafic transfrontalier cause un manque à gagner estimé à 573 millions de dollars pour la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao. Cette perte financière pèse sur les exportateurs et complique encore une situation déjà tendue, marquée par une réduction des stocks disponibles. Les acteurs de la filière peinent à répondre à la demande, tandis que les coûts d’acquisition grimpent.
Face à cette menace, les autorités ivoiriennes multiplient les contrôles. En 2024, plusieurs saisies ont été effectuées, notamment 33 camions interceptés en octobre. Bien que ces actions représentent des victoires ponctuelles, elles restent insuffisantes pour endiguer durablement le phénomène, tant les réseaux de contrebande sont bien organisés et lucratifs.
Au-delà des contrôles, des solutions structurelles s’imposent pour protéger la filière. Il devient urgent d’harmoniser les prix entre pays producteurs et de renforcer la coopération régionale. En attendant, la Guinée s’impose comme un défi majeur pour les autorités ivoiriennes, et le cacao, surnommé « l’or brun », continue de symboliser à la fois richesse et convoitise en Afrique de l’Ouest.