« Comment le groupe Bolloré a ruiné deux entrepreneurs camerounais ». C’est le nom de l’enquête publiée en 2016 dans Mediapart, pour laquelle la journaliste Fanny Pigeaud ainsi que le fondateur du site d’information, Edwy Plenel, étaient poursuivis par la multinationale française. Après six ans de procédure, la Cour de cassation a tranché en rejetant le pourvoi du groupe.
La Cour de cassation a rejeté mardi 11 octobre le pourvoi de la multinationale française et confirmé la décision de la cour d’appel qui avait jugé que les journalistes Edwy Plenel et Fanny Pigeaud avaient fait leur travail de bonne foi.
Ce seul et même arrêt rendu par la Cour de cassation donne cependant lieu à des communications différentes. Sur Mediapart, en effet, Edwy Plenel écrit : « Bolloré perd définitivement son procès ». En revanche, l’avocat du géant français, Olivier Baratelli, déclare, quant à lui, dans une réaction envoyée par écrit, que « cette décision de la Cour de cassation du 11 octobre est une victoire », puisqu’elle« consacre définitivement le caractère diffamatoire des propos poursuivis ».
« Diffamatoire » parce que l’article porte atteinte à l’honneur de Bolloré, certes. Cependant, en dénonçant des agissements d’une de ses filiales au Cameroun, la victoire est donc bien du côté de Mediapart, selon l’un de ses avocats, Emmanuel Tordjman. « La seule victoire qu’il y ait, c’est le fait que la Cour de cassation ait débouté Monsieur Bolloré. Elle a considéré qu’il était nécessaire que le public puisse être informé. Mediapart avait perdu devant le tribunal correctionnel et la Cour d’appel de Versailles, puis la Cour de cassation ont fort heureusement donné raison à Mediapart, en faisant primer la liberté d’information sur des sujets d’intérêt général », souligne Emmanuel Tordjman.
Poursuites systématiques
L’article de Fanny Pigeaud avait été considéré par la Cour d’appel de Versailles « d’intérêt général au regard des multiples activités du groupe Bolloré particulièrement influent en Afrique » et traité avec « une base factuelle suffisamment sérieuse ».
C’est donc l’épilogue d’une des nombreuses procédures intentées par le groupe Bolloré contre des journalistes. « Le fait est qu’effectivement, nous sommes plusieurs journalistes, depuis plusieurs années, à être systématiquement poursuivis quand on publie sur les affaires du groupe Bolloré en Afrique. On n’est pas toujours sereins en faisant notre travail. Il faut pourtant continuer à travailler en essayant d’être le plus rigoureux possible et la justice tranche en dernier lieu », a réagi Fanny Pigeaud.
Selon la journaliste indépendante, les familles des deux entrepreneurs camerounais dont elle racontait le combat de plus de 20 ans pour obtenir réparation attendent toujours.
Source: RFI