Le Conseil des ministres en Mauritanie a adopté, lundi 26 décembre, un projet de décret pour créer un organisme national pour collecter la zakat, l’un des cinq piliers de l’Islam. Cette aumône annuelle et obligatoire est versée aux plus nécessiteux selon des règles de solidarité précises, édictées par l’islam. Dans son projet de décret, le gouvernement mauritanien prévoit l’instauration d’un compte d’affectation spéciale pour la zakat.
Appelé « Beit Mal Zakatt El Mauritani » (la Maison mauritanienne de la zakat), ce compte a pour objectif de « collecter et d’assurer la distribution » de cette aumône « à ceux qui y ont droit », explique le compte rendu du Conseil des ministres.
Aujourd’hui, la zakat n’est pas régulée en Mauritanie : chaque musulman s’en acquitte en son âme et conscience. « Créer un organisme national semble cohérent dans la mesure où le pays est une république islamique, explique Abdallahi ould Awa, professeur d’économie à l’université de Nouakchott. D’autant plus que la zakat représente une manne extraordinaire de financement de l’économie. »
Contacté par RFI, le parti d’opposition islamiste Tawassoul n’a pas souhaité commenter. « Les juristes islamiques doivent d’abord examiner le texte, explique un de ses cadres, mais ils ne pourront trancher tant que l’on n’en saura pas plus sur le mécanisme de fonctionnement et de gestion de cet organe. »
« La question de la transparence se pose en effet avec acuité, commente un observateur. Les Mauritaniens auront-ils confiance dans un organisme public, compte tenu du passif de corruption au plus haut sommet de l’État ? »
Pour l’économiste Modibo Mao Makalou, cette initiative des autorités mauritaniennes représente une solution novatrice pour mobiliser des ressources financières, alors que le pays est confronté à de nombreuses difficultés économiques.
RFI