La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont signé, le 27 juin 2025 à Washington, un accord de paix qualifié d’historique. Encadré par les États-Unis, ce texte entend mettre fin à un conflit qui ravage l’est de la RDC depuis des décennies. Un sommet entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame est prévu à la Maison Blanche d’ici fin juillet, à l’invitation de Donald Trump, principal artisan diplomatique de cette médiation.
L’accord prévoit une série de mesures concrètes : désengagement militaire, protection des civils, retour des déplacés et création d’un mécanisme conjoint de suivi. Le Rwanda s’engage à cesser tout soutien aux FDLR, sans mention explicite du M23, dont le retrait reste flou. Un plan de neutralisation nommé CONOPS, adopté en octobre 2024, doit servir de cadre opérationnel. La RDC insiste sur l’application réelle des engagements, rappelant que seule la mise en œuvre donnera un sens à ce texte.

Le conflit dans l’est du Congo, enraciné depuis les années 1990, a déjà fait l’objet de multiples accords sans lendemain. De Kigali en 2004 à Kinshasa en 2023, les initiatives se sont succédé avec un même constat : peu d’impact sur le terrain. Washington a joué ce rôle de facilitateur par le passé, sans résultats durables. Le M23, appuyé par Kigali selon l’ONU, reste un acteur central du conflit, ayant contrôlé plusieurs grandes villes comme Goma et Bukavu.
« We must acknowledge that there is a great deal of uncertainty in our region, and beyond, because many previous agreements have not been implemented. And there is no doubt, that the road ahead will not be easy.
But with the continued support of the United States and other… pic.twitter.com/nCj09coxtp— Ministry of Foreign Affairs & Int'l Cooperation (@RwandaMFA) June 27, 2025
Au-delà de la paix régionale, cet accord porte l’empreinte d’une stratégie américaine plus large. Trump, qui ambitionne un Prix Nobel, mise sur ce succès pour redorer son image internationale. Mais Washington vise aussi un objectif économique : sécuriser l’accès aux ressources stratégiques de la région, dans un contexte de rivalité croissante avec la Chine. La stabilité de la RDC est donc vue comme un levier géopolitique.
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— RDC • Affaires Etrangères 🇨🇩 (@RDC_Minafet) June 27, 2025
La suite dépendra largement de deux dossiers encore brûlants : la neutralisation des FDLR et le retrait du M23. Ce dernier mouvement armé est encore en discussion avec Kinshasa dans un cadre parallèle à Doha, sans accord à ce jour. Les négociations achoppent sur les priorités : désengagement immédiat exigé par Kinshasa, contre garanties politiques réclamées par l’AFC/M23. En coulisses, les Qataris tentent de relancer un processus enlisé.
Malgré le climat d’espoir affiché à Washington, nombre d’observateurs restent prudents. Pierre Boisselet, de l’institut Ebuteli, rappelle que les cessez-le-feu précédents ont rarement tenu dans la durée. Les lignes de front n’ont guère bougé, mais la situation pourrait se détériorer à nouveau. Le M23 et l’armée rwandaise, bien que discrètement mentionnés, demeurent des facteurs de déstabilisation potentiels.
Un comité de surveillance conjoint, soutenu par l’Union africaine, le Qatar et les États-Unis, doit superviser la mise en œuvre. Mais sans volonté politique forte et coordination efficace, cet accord risque de rejoindre la longue liste des promesses non tenues. Pour l’instant, la paix n’est qu’une intention. Il faudra juger sur actes.