Le 5 mai 2025, la République centrafricaine (RCA) a franchi une étape décisive dans la modernisation de son secteur minier en signant un accord de financement additionnel avec la Banque mondiale, d’un montant de 6,4 millions de dollars (environ 3 milliards de FCFA). Cet appui vise à accélérer la numérisation des processus miniers et à renforcer la gouvernance numérique et réglementaire, dans un secteur historiquement marqué par l’informalité et l’artisanat. Ce financement, octroyé via l’Association internationale de développement (IDA), s’inscrit dans le cadre des efforts du gouvernement de Faustin-Archange Touadéra pour structurer un secteur minier plus transparent et attractif pour les investisseurs internationaux.
Le programme financé par la Banque mondiale se concentre sur quatre axes principaux. D’abord, la mise en place d’un système d’information géologique numérisé, visant à cartographier les ressources naturelles du pays en utilisant des technologies avancées telles que la télédétection et la géophysique portable. Cette initiative vise à réduire l’incertitude sur les réserves minérales, notamment de diamants, d’or et d’uranium, et à rendre ces informations accessibles au public via un portail en ligne. Ensuite, un système électronique de délivrance des permis miniers sera mis en place, remplaçant les procédures manuelles et améliorant ainsi la transparence et l’efficacité du secteur.
La RCA, avec son riche sous-sol inexploité, cherche depuis plusieurs années à faire du secteur minier un moteur de croissance économique. Cependant, ce secteur a longtemps souffert de l’informalité et de la faiblesse de sa gouvernance. En 2024, un nouveau Code minier a été adopté pour encadrer l’exploitation des ressources naturelles et renforcer la lutte contre le trafic de diamants provenant de zones de conflit. Ces réformes ont permis de lever l’embargo sur les exportations de diamants bruts, imposé par le Kimberley Process pendant plus de dix ans. La Banque mondiale a salué cette dynamique et soutient désormais la numérisation des processus comme un levier pour accroître l’efficacité et attirer de nouveaux investisseurs.
Les réformes en cours, dont la numérisation du secteur minier, devraient permettre à la RCA de diversifier ses ressources minières et de réduire les coûts de transaction. Avec des ressources naturelles encore sous-exploitées, le pays espère non seulement augmenter ses exportations, mais aussi attirer des investisseurs plus sérieux. La numérisation devrait aussi permettre d’améliorer la gestion des ressources et d’offrir une plus grande transparence, essentielle pour restaurer la confiance des acheteurs et des partenaires internationaux. Ce programme devrait contribuer à un meilleur suivi des réserves minérales, réduire l’incertitude et améliorer l’accès aux marchés étrangers.
Cependant, la réussite de cette transformation numérique dépendra d’un certain nombre de facteurs. La faible couverture internet et l’absence d’une infrastructure énergétique stable en dehors de la capitale, Bangui, constituent des obstacles majeurs à la mise en Å“uvre de ces réformes. De plus, la coordination entre les ministères concernés, notamment les ministères des Mines, de l’Environnement et du Numérique, sera essentielle pour éviter les incohérences administratives. Une formation adéquate des acteurs locaux et une stabilité institutionnelle seront également cruciales pour garantir l’efficacité des réformes.
La numérisation de la gouvernance minière est un pari ambitieux pour la République centrafricaine, qui cherche à faire de son secteur minier un levier de croissance durable. Si elle réussit à surmonter les défis liés à l’infrastructure et à la coordination interinstitutionnelle, la RCA pourrait se positionner comme un acteur majeur dans l’exploitation des ressources minérales en Afrique. Cependant, l’évolution du marché des diamants, actuellement en crise en raison de la chute des prix, et la stabilité de l’environnement politique et économique seront des facteurs déterminants pour l’avenir de ce secteur clé.