Le président tunisien Kaïs Saïed a ordonné, samedi 18 février dans la soirée, l’expulsion de la plus haute responsable syndicale européenne. Les autorités l’accusent d’ingérence après des déclarations qu’elle a tenu lors d’une manifestation dans la ville de Sfax, organisée par le syndicat de l’UGTT. Ce nouvel épisode illustre l’importance du bras de fer entre la puissante centrale syndicale tunisienne et le chef de l’État, dans un climat de plus en plus tendu dans le pays.
« Une ingérence flagrante dans nos affaires intérieures. » C’est avec ces mots que la présidence tunisienne a dénoncé samedi les déclarations d’Esther Lynch, la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats. Dans la journée, la plus haute responsable syndicale de l’Union européenne a participé à la manifestation de Sfax, qui a réuni des milliers de syndicalistes à l’appel de la puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Dans son discours, Esther Lynch demandait au gouvernement tunisien de libérer les dirigeants syndicaux et de négocier avec l’UGTT pour trouver des solutions à la crise politique et économique du pays. Des propos déplaisants aux oreilles du président Kaïs Saïed, qui laisse à l’Irlandaise vingt-quatre heures pour quitter le territoire tunisien.
L’UGTT a condamné cette expulsion. Le bras de fer entre la plus importante centrale syndicale du pays et le chef de l’État a atteint son point culminant avec l’arrestation du leader syndicaliste Anis Kaabi, le 31 janvier dernier. La situation est de plus en plus tendue en Tunisie, alors que les arrestations se multiplient dans les milieux politique, médiatique et judiciaire.