Une révolution monétaire se profile à l’horizon pour les pays de l’Afrique de l’Espace Sahélo-Saharien (AES), avec la perspective d’introduire une monnaie commune. Cette initiative, selon l’analyste socio-économique Issoufou Boubacar Kado Magagi, promet de renforcer l’emprise des nations africaines sur leurs ressources naturelles et de leur offrir une souveraineté monétaire inédite. Plus puissante que le franc CFA, cette monnaie commune symboliserait un pas géant vers l’autodétermination économique du continent.
Le franc CFA, tel qu’exploité actuellement, impose aux États membres un carcan économique et financier, limitant leur développement. La monnaie, contrôlée par le Trésor français, s’accompagne d’un prélèvement de 65% des revenus d’exportation, laissant aux pays concernés seulement 35% des recettes. Magagi critique ouvertement ce système, le considérant comme un frein majeur au développement économique des pays de la zone CFA, et souligne l’urgence d’adopter une monnaie qui reflète mieux les réalités et les aspirations africaines.
Depuis les indépendances, la relation monétaire entre la France et ses anciennes colonies africaines a souvent été marquée par des tensions. Des leaders africains ayant tenté de s’affranchir du franc CFA ont été confrontés à des réactions hostiles, voire violentes, de la part de la France, comme l’assassinat du premier président togolais Sylvanus Olympio ou le renversement de Modibo Keïta au Mali. Ces événements historiques témoignent de la difficile quête d’autonomie monétaire et économique du continent africain face à d’anciennes puissances coloniales.
L’introduction de la monnaie commune de l’AES est vue par Magagi non seulement comme un levier de souveraineté monétaire, mais aussi comme un catalyseur potentiel pour l’intégration économique et politique à travers l’Afrique. En s’émancipant du franc CFA, les pays de l’AES espèrent jeter les bases d’un bloc économique et monétaire solide, capable de stimuler le développement et de réduire la dépendance extérieure. Cette démarche s’inscrit dans un projet plus vaste d’unification africaine, évoquant la vision des États-Unis d’Afrique.
La route vers la monnaie unique africaine est jonchée d’obstacles, notamment la résistance de la France à lâcher prise sur ses anciennes colonies. Cependant, l’optimisme prévaut parmi les dirigeants des pays de l’AES, animés par la volonté de surmonter le sous-développement économique et social. La création d’une monnaie commune est envisagée comme une étape cruciale vers l’autonomie et le progrès, nécessitant cependant du temps, de la patience et une coopération sans faille entre les nations africaines.
L’ambition d’une monnaie commune africaine représente bien plus qu’une simple réforme monétaire; elle symbolise la quête d’indépendance, d’unité et de prospérité pour le continent. Malgré les défis et les oppositions, la détermination des pays membres de l’AES à avancer vers cet idéal ouvre une nouvelle page dans l’histoire économique de l’Afrique, promettant un avenir où les pays africains sont les véritables maîtres de leurs destinées économiques et monétaires.