La République Démocratique du Congo se retrouve au cœur d’une controverse suite à la publication des résultats de l’autopsie de Chérubin Okende, opposant politique et ancien ministre des Transports. Le parquet général congolais a tranché, jeudi 29 février, affirmant que l’homme politique s’est suicidé la nuit du 13 au 14 juillet 2023. Cette annonce est appuyée par la découverte d’un agenda où Okende exprimait son désespoir.
Cette déclaration a immédiatement suscité un tollé parmi la famille de l’opposant, son parti Ensemble pour la République, et diverses organisations de la société civile. L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) et l’Association africaine pour les droits de l’homme ont ouvertement critiqué cette conclusion, la qualifiant de “ridicule” et “profondément décevante”. La Lucha, un mouvement citoyen, va jusqu’à évoquer des preuves flagrantes d’un possible meurtre, rejetant catégoriquement la thèse du suicide.
L’affaire survient dans un contexte de tensions politiques et de suspicions récurrentes à l’égard de la justice congolaise. Des précédents cas, comme les morts controversées de Floribert Chebeya, Fidèle Bazana et Luc Nkulula, alimentent la méfiance générale. Ces événements passés renforcent l’argumentation de ceux qui contestent les résultats de l’autopsie d’Okende, insinuant une pratique habituelle de dissimulation par les autorités.
Face à l’incrédulité et à la contestation, l’affaire pourrait prendre un tournant international. La famille de l’opposant, soutenue par son avocat belge, s’apprête à porter l’affaire devant la justice belge, marquant ainsi une étape cruciale dans la quête de vérité et de justice. Cette démarche souligne l’importance de la transparence et de l’intervention internationale dans des cas controversés de violations des droits humains.
La majorité au pouvoir en RDC soutient les conclusions du parquet, arguant que l’enquête a été menée avec diligence. Selon Jean Thierry Monsenepwo, représentant de l’Union sacrée, la justice a travaillé dans les limites de ses moyens, laissant la porte ouverte à d’éventuelles nouvelles preuves. Cette position reflète une confiance envers les institutions judiciaires du pays, malgré les critiques.
L’implication de la Belgique, à travers la plainte déposée contre le chef du renseignement militaire congolais, souligne l’interconnexion des juridictions dans la lutte contre l’impunité. La procédure en Belgique pourrait non seulement offrir une nouvelle avenue pour la justice mais aussi mettre en lumière les responsabilités internationales face aux crises politiques et judiciaires en RDC, ouvrant ainsi un chapitre crucial dans cette affaire énigmatique.