Le gouvernement sud-africain a exprimé sa vive inquiétude après le transfert en Eswatini de cinq individus expulsés par les États-Unis, qualifiés de « criminels dangereux ». Dans un communiqué publié le 5 août, Pretoria dit craindre un impact négatif sur sa sécurité nationale, en raison de la proximité géographique entre les deux pays.
Les cinq hommes, originaires du Vietnam, du Laos, du Yémen, de Cuba et de la Jamaïque, ont été transférés le 17 juillet à Mbabane à bord d’un avion militaire américain. Washington a justifié cette expulsion par l’impossibilité de renvoyer les intéressés dans leurs pays d’origine, qui auraient refusé de les accueillir. À leur arrivée en Eswatini, les autorités locales les ont placés en détention, en attendant un hypothétique rapatriement.
Le geste de Washington intervient dans un contexte de durcissement de sa politique migratoire, visant à expulser les étrangers jugés indésirables. Mais ce transfert vers un pays tiers, sans lien direct avec les nationalités concernées, soulève des interrogations juridiques et diplomatiques. Pretoria, qui partage une longue frontière avec l’Eswatini, redoute une pression migratoire accrue et une potentielle insécurité transfrontalière.
Cette affaire pourrait fragiliser les relations entre les deux voisins d’Afrique australe. Si l’Afrique du Sud se garde d’interférer directement dans les décisions souveraines de l’Eswatini, elle insiste sur la nécessité d’un dialogue bilatéral renforcé pour éviter que ce type de transfert ne se reproduise sans concertation. D’autant plus que Pretoria a, ces dernières années, multiplié les alertes sur l’exploitation de sa politique migratoire par des réseaux criminels.
Côté eswatinien, les autorités assurent que les cinq hommes resteront détenus jusqu’à leur rapatriement dans leurs pays respectifs. Une promesse dont la mise en œuvre reste incertaine, faute de coopération des États concernés. En attendant, ce dossier met en lumière les limites du droit international face à la complexité croissante des expulsions et du statut des personnes indésirables.