Dans une déclaration grave et sans détour, le sénateur Pahimi Padacké Albert, président du RNDT-Le Réveil et figure majeure de l’opposition démocratique, a lancé un appel solennel aux autorités tchadiennes pour mettre fin à la recrudescence des vendettas communautaires. Selon lui, ces violences de type clanique sapent les fondements de l’unité nationale et traduisent l’échec de l’État à garantir la justice et la paix.
Qualifiant la vendetta de « coutume animiste » devenue archaïque et dangereuse, le sénateur déplore un climat d’insécurité où « le sang coule partout dans le pays ». Il dénonce la résurgence de pratiques de vengeance privée, où l’on répond à un crime par un autre, au mépris de la loi. Pahimi rappelle que la Constitution tchadienne rejette toute forme de responsabilité collective et interdit que les crimes soient justifiés par des traditions, aussi anciennes soient-elles.
Pour expliquer la persistance de ces violences, le chef de l’opposition pointe la défaillance de l’État et la passivité d’une majorité silencieuse. Il cite le pasteur allemand Martin Niemöller pour illustrer les conséquences de l’indifférence face à l’injustice. Selon lui, les autorités, loin d’imposer l’autorité de la loi, se réfugient derrière des mécanismes coutumiers de dédommagement ou des accords de réconciliation symboliques, comme dans les cas récents de Molou ou Mandakaou. Il accuse directement l’État d’avoir « abdiqué », laissant la justice à la merci des rapports de force locaux.
Face à ce qu’il considère comme une crise nationale, Pahimi Padacké Albert plaide pour un sursaut collectif. Il propose la tenue d’assises nationales inclusives afin de restaurer la confiance entre les communautés et l’État. Pour lui, seule une réponse politique forte, fondée sur la justice et la reconnaissance des souffrances passées, peut sortir le pays de cette spirale de vengeance.
Dans une formule poignante, le sénateur résume sa position : « Le sang ne répare pas le sang, il le souille ». À travers cet avertissement, il appelle les Tchadiens à tourner résolument le dos à la logique clanique pour refonder la nation sur des principes d’équité, de justice et de vivre-ensemble. Son discours, bien plus qu’un cri d’alarme, sonne comme un dernier avertissement face à un mal enraciné qui menace la cohésion du pays.
Derrière son appel au dialogue, Pahimi Padacké Albert livre une critique sans fard du pouvoir en place. En évoquant à la fois les responsabilités individuelles et l’inaction de l’État, il cherche à se poser en figure morale et rassembleuse, sans renoncer à son rôle d’opposant. Sa prise de parole, rare dans sa gravité, témoigne de la profondeur de la crise que traverse le Tchad et de la fragilité d’un État encore incapable de faire respecter ses lois sur l’ensemble du territoire.