Le concert caritatif « Solidarité Congo », prévu pour le 7 avril 2025 à l’Accor Arena de Paris, suscite de vives réactions. Avec des artistes tels que Gims, Youssoupha, Fally Ipupa et Angélique Kidjo, l’événement vise à collecter des fonds pour l’Unicef en faveur des enfants victimes du conflit entre l’armée congolaise et le groupe armé M23 dans l’est de la République Démocratique du Congo. Cependant, cette initiative suscite une forte opposition en raison de la date choisie, qui coïncide avec le début du génocide des Tutsis au Rwanda, une journée de commémoration nationale.
La programmation du concert le 7 avril, jour de la commémoration du génocide rwandais, a déplu aux autorités rwandaises et à certaines associations de rescapés. Ce jour-là marque le début des massacres de 1994, et chaque année, une période de 100 jours de souvenir et de prière est observée au Rwanda. En 2003, les Nations Unies ont désigné cette date comme la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis. Le choix de cette date pour un événement caritatif a été qualifié de « consternant » par l’ambassadeur du Rwanda en France, François Nkulikiyimfura, qui a estimé qu’il portait atteinte à la mémoire des victimes.
Le Rwanda traverse chaque année une période de deuil intense pendant cette période, marquée par des commémorations et des prières pour les victimes du génocide. En outre, les tensions régionales entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo, exacerbées par la présence du M23, alimentent encore les divergences politiques entre les deux nations. Dans ce contexte sensible, le Rwanda reproche non seulement la date du concert, mais aussi la présence de Gims parmi les artistes. Le chanteur a été critiqué pour des propos jugés antirwandais et qui alimenteraient la haine envers la communauté tutsi, ce qui a renforcé l’opposition à l’événement en France.
Face à la polémique, l’Unicef, partenaire de l’événement, a demandé le report du concert. Cependant, l’organisation reste fermement en soutien de l’initiative, soulignant l’importance de la collecte de fonds pour les enfants touchés par le conflit dans l’Est de la RDC. Bien qu’aucune annonce officielle concernant un report n’ait été faite, les organisateurs ont évoqué la possibilité de changer la date afin de respecter les sensibilités politiques et culturelles. Une nouvelle date devrait être envisagée en fonction de la disponibilité des artistes.
La communauté rwandaise en France, notamment représentée par l’avocat Maître Richard Gisagara, a exprimé son mécontentement, soulignant qu’elle ne s’opposait pas à l’objectif caritatif de l’événement. Toutefois, la date choisie et la présence de Gims sont des points de discorde majeurs. « Personne n’est contre l’organisation d’un événement pour récolter des fonds pour des victimes. Mais la date est problématique, et surtout la participation de Gims », a déclaré Gisagara. Pour lui, cette situation soulève des inquiétudes sur la manière dont certaines figures publiques peuvent influencer la perception de l’événement et exacerber des tensions déjà sensibles.
L’organisation de ce concert se trouve à un tournant. Si la polémique n’a pas encore entraîné un changement officiel de date, les discussions continuent en coulisses. La gestion de cet événement caritatif s’annonce complexe, entre respect des mémoires historiques, besoins humanitaires pressants et tensions géopolitiques régionales. Reste à savoir si un consensus pourra être trouvé, permettant ainsi de réunir les forces nécessaires pour aider les enfants de la RDC sans alimenter davantage les divisions.