Le 19 mars 2025, le gouvernement gabonais a annoncé avoir réglé ses arriérés de dettes envers la Banque mondiale, s’acquittant d’une somme de près de 18 milliards de francs CFA. Ce paiement survient à un moment particulièrement délicat, à moins d’un mois de la présidentielle, alors que le pays fait face à des tensions budgétaires et politiques. L’opération, bien que non confirmée publiquement par la Banque mondiale, témoigne de la volonté du gouvernement de respecter ses engagements financiers envers les bailleurs de fonds internationaux.
Dans un communiqué laconique, le ministère gabonais du Budget a annoncé cette décision sans fanfare, dans un contexte où la gestion des finances publiques est sous haute surveillance. Le règlement des arriérés, d’un montant de 17,9 milliards de francs CFA, est perçu comme un geste stratégique pour rassurer les partenaires financiers internationaux, particulièrement à la veille d’une élection présidentielle qui pourrait influencer l’équilibre économique du pays. Ce remboursement est présenté par le gouvernement comme un effort pour alléger la dette “héritée de la gestion antérieure”, en référence à la période précédant le coup d’État du 30 août 2023.
La situation économique du Gabon reste tendue, avec une dette nationale s’élevant à 8 000 milliards de francs CFA, soit environ 70% du PIB. Ce poids de la dette a suscité de vives inquiétudes au sein de la communauté internationale, notamment auprès des grandes institutions financières comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). Ces créanciers ont régulièrement exprimé leurs préoccupations face à l’incapacité du pays à honorer ses engagements. En janvier 2025, la Banque mondiale avait déjà alerté sur le risque que l’accumulation des arriérés ne nuise davantage à la stabilité financière du pays.
La dette gabonaise, qui représente désormais 70% du PIB, soulève des interrogations sur la capacité du pays à maintenir un équilibre budgétaire durable. Le gouvernement a tout intérêt à apurer ses arriérés pour éviter des sanctions ou des restrictions supplémentaires de la part de ses créanciers. Cette situation met également en lumière les choix économiques difficiles auxquels le Gabon est confronté, en particulier dans le cadre de la gestion de ses ressources naturelles, cruciales pour sa prospérité future.
Ce règlement intervient après plusieurs mois de pressions exercées par les institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. En 2024, le président de la BAD s’était rendu à Libreville pour rappeler au gouvernement l’urgence d’assainir les finances publiques. Le règlement des arriérés vis-à-vis de la Banque mondiale pourrait permettre au Gabon de redorer son image auprès de ses créanciers, mais la question reste de savoir si cela suffira à restaurer la confiance sur le long terme.
Si ce règlement des arriérés est un premier pas vers une gestion plus saine de la dette, les défis restent immenses. Le Gabon devra mettre en œuvre des réformes structurelles pour réduire sa dépendance à l’endettement et diversifier ses sources de revenus. La transition politique en cours pourrait également influencer les priorités économiques du pays, notamment dans la gestion de ses ressources pétrolières et minières, essentielles pour l’économie gabonaise.
Au-delà des chiffres, la gestion de la dette gabonaise a un impact direct sur les conditions de vie des Gabonais. En période d’austérité et de réformes économiques, les citoyens ressentent souvent les effets de ces ajustements à travers des coupes dans les services publics ou une inflation galopante. Il sera crucial de suivre l’évolution des conditions sociales et économiques du pays à la lumière de ces ajustements financiers, notamment en période préélectorale où la pression populaire est accrue.