Le président congolais, Felix Tshisekedi, effectuera une visite d’Etat en Chine du 24 au 29 mai prochains, selon un communiqué publié ce lundi 22 mai par le ministère chinois des Affaires étrangères.
La porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, a également précisé lors d’un point de presse que M. Tshisekedi devrait rencontrer son homologue chinois, Xi Jinping, indiquant que les deux dirigeants « assisteront ensemble à une cérémonie de signature d’accords de coopération », sans plus de précision.
La renégociation du méga-contrat « ressources naturelles contre infrastructures » signé entre la RD Congo et la Chine en 2008, sous le règne de l’ancien président Joseph Kabila, sera au centre des entretiens entre M. Tshisekedi et les responsables chinois, ont cependant précisé des sources proches du dossier à Bloomberg.
L’Inspection générale congolaise des finances (IGF) avait dénoncé, dans un rapport publié, en février dernier, les « déséquilibres » de ce contrat minier de plus de 6 milliards de dollars, tout en exigeant 17 milliards de dollars d’investissements supplémentaires dans les infrastructures.
En vertu de ce deal baptisé « le contrat du siècle », les groupes chinois Sinohydro Corporation et China Railway Engineering Corporation ont accepté de construire des infrastructures (routes, ponts, hôpitaux, fourniture de l’eau potable, etc.) en échange d’une participation de 68 % dans la Société sino-congolaise des mines (Sicomines), une coentreprise spécialisée dans l’exploitation du cuivre et du cobalt avec la société minière publique congolaise Gécamines. Les investisseurs chinois se sont engagés à consacrer 3 milliards de dollars à des projets d’infrastructure, mais l’IGF a demandé que cet engagement soit porté à 20 milliards de dollars, afin de « refléter la valeur réelle des concessions minières que la Gécamines a apportées à l’accord ».
Précisant que la Sicomines n’a jusqu’ici investi que 822 millions de dollars dans les infrastructures alors que les entreprises chinoises ont déjà engrangé 10 milliards de dollars, l’institution congolaise a appelé le gouvernement congolais à « renégocier le contrat minier afin d’ajuster et d’équilibrer les devoirs et les avantages des deux parties et de les mettre en conformité avec la valeur de leurs contributions respectives ». Elle a par ailleurs plaidé pour la révision à la hausse de la participation de la Gécamines dans la Sicomines, qui se limite actuellement à 32 %.
Réagissant au rapport de l’IGF, l’ambassade de Chine en RD Congo a exhorté les entreprises chinoises impliquées dans le contrat minier à « travailler avec leur partenaire congolais pour améliorer la coopération en la faisant bénéficier davantage à la partie congolaise et résoudre les désaccords à travers le dialogue amical et raisonnable », tout en promettant de « défendre fermement les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises » et de « riposter résolument à toute violation » de ces droits.
Lors d’une réunion du Conseil des ministres tenue vendredi 19 mai, M. Tshisekedi avait indiqué qu’un groupe de travail chargé d’examiner le contrat minier avait « présenté ses conclusions, permettant ainsi d’entamer les discussions avec les partenaires chinois dans les prochains jours ».
Lors de sa visite à Pékin, M. Tshisekedi sera accompagné par une délégation de hauts responsables congolais, dont les ministres des Mines, de l’Hydroélectricité et de la Défense. Outre des entretiens avec les responsables chinois, le dirigeant congolais devrait visiter des entreprises spécialisées dans la fabrication des batteries de véhicules électriques, la production d’énergie, l’exploitation minière et la technologie.