Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) s’apprête à supprimer 3300 emplois au cours des trois prochaines années. Cette décision, annoncée dans un mémo interne, intervient dans un contexte de réajustement budgétaire et de transformation organisationnelle, alors que les syndicats alertent sur le manque de précisions quant aux postes concernés.
Le plan de restructuration affectera tant le personnel permanent que les employés à durée déterminée, environ 20 % des suppressions devant concerner les effectifs permanents. Des lettres individuelles devraient être envoyées aux salariés concernés dès la mi-février, après une réunion patronale-syndicale au cours de laquelle ces mesures ont été évoquées, sans que les personnes visées n’aient été préalablement identifiées.
Cette démarche s’inscrit dans une stratégie gouvernementale plus large de réduction des dépenses fédérales, visant à dégager 15,8 milliards d’économies d’ici 2027-2028, puis 4,8 milliards par an par la suite. Après une période de croissance rapide, notamment pendant la pandémie où des mesures temporaires avaient permis d’accroître les capacités opérationnelles, le ministère doit désormais s’adapter à un budget défini et réduit, impactant l’ensemble de ses secteurs et directions.
Les suppressions d’emplois posent la question de l’avenir du traitement des dossiers de citoyenneté, de résidence et de délivrance des passeports. Les syndicats prévoient que cette réduction des effectifs risque d’aggraver les délais déjà préoccupants et appellent à une diminution de la sous-traitance externe plutôt qu’à la suppression de postes indispensables à la continuité des services.
Dans une note obtenue par la presse, le sous-ministre Harpreet S. Kochhar et le sous-ministre associé Scott Harris ont indiqué que la réorganisation vise à aligner les ressources humaines sur les objectifs et les capacités budgétaires du ministère. Jessica Kingsbury, porte-parole d’IRCC, a confirmé que les mesures budgétaires se concentreraient sur le maintien de la sécurité aux frontières et l’application des lois sur l’immigration, tout en réévaluant la prestation des services.
Les syndicats, représentés par l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) et le Syndicat de l’Emploi et de l’Immigration du Canada (SEIC), mettent en garde contre des conséquences potentiellement graves : retards dans le traitement des demandes, difficultés pour les familles en attente de réunification et pénuries dans des secteurs clés tels que la santé et l’entreprise. Nathan Prier, président de l’Association canadienne des employés professionnels, a même sollicité au ministre Marc Miller un report de ces mesures, soulignant l’importance d’une main-d’œuvre fédérale solide dans un contexte de tensions avec les États-Unis. Pour mémoire, 13 092 fonctionnaires travaillaient à IRCC en 2024, au sein d’une fonction publique totale de 367 772 personnes, illustrant l’ampleur des enjeux liés à cette restructuration.