Un deuil national de trois jours a par ailleurs été décrété à compter de ce jeudi après le drame survenu à l’hôpital de Tivaouane, à une centaine de kilomètres au nord-est de Dakar, où 11 nouveaux-nés sont morts dans un incendie.
En boubou blanc, Abdoulaye Diouf Sarr s’était rendu jeudi après-midi à l’hôpital de Tivaouane, accompagné d’une importante délégation. Rentré précipitamment de Genève, où se tenait l’Assemblée annuelle de l’Organisation mondiale de la Santé, le désormais ex-ministre était venu apporter son « soutien moral » aux familles touchées par la mort de onze bébés à l’hôpital public de Tivaouane mardi soir : « J’aimerais effectivement partager la douleur avec les familles, avec tout Tivaouane et avec le peuple sénégalais », avait-il déclaré sur place.
Trois heures plus tard, un décret présidentiel annonçait son limogeage. Abdoulaye Diouf Sarr était ministre de la Santé depuis septembre 2017. Des citoyens, syndicalistes ou opposants réclamaient sa démission après les drames survenus à Louga le mois dernier – le décès d’Astou Sokhna, femme enceinte de neuf mois – puis à Kaolack – un bébé déclaré mort, puis retrouvé vivant dans un carton, avant de succomber. Candidat de la majorité pour la mairie de Dakar lors des élections municipales de janvier, Abdoulaye Diouf Sarr avait également essuyé une défaite. À la suite de son limogeage, il a indiqué « renouveler sa loyauté au chef de l’État ».
Le chef de l’État « a nommé Docteur Marie Khemesse Ngom Ndiaye ministre de la Santé et de l’Action sociale en remplacement de Monsieur Abdoudaye Diouf Sarr », a annoncé la présidence. Précédemment directrice générale de la Santé Publique, elle était apparue au-devant de la scène lors de la pandémie de Covid-19, notamment pour communiquer les bilans des cas quotidiens.
Cela suffira-t-il à calmer la colère ambiante ? Devant l’hôpital de Tivouane, des habitants rassemblés expriment leur désolation ce jeudi. Alors que les parents des victimes sont réunis avec la cellule de crise dépêchée par le ministère de la Santé à l’intérieur de l’hôpital, Mustapha Cissé, lui, attend des explications. Son frère avait déjà perdu sa femme lors l’accouchement, il vient de perdre son bébé de 22 jours. « Il était prématuré, c’est pour ça qu’il devait rester là. On a de l’amertume, un chagrin profond », confie-t-il.