Les sanctions que l’Union européenne envisage d’imposer aux militaires au pouvoir au Niger soulèvent des interrogations quant à leur réelle efficacité. Selon Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo, chercheur burkinabé, ces mesures pourraient affecter la situation économique du pays, mais elles semblent incapables d’influencer de manière significative la ligne politique adoptée par les nouvelles autorités nigériennes. Pourtant, l’Union européenne et d’autres organisations régionales ont la capacité d’exercer des pressions financières et économiques sur le Niger, mais il reste à voir si ces sanctions parviendront à prospérer.
Bien que les sanctions puissent exercer une pression sur la population nigérienne en affectant son pouvoir d’achat et son niveau de vie, Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo souligne que les autorités en place disposent de marges de manœuvre pour contourner ces mesures. Cela inclut la possibilité de coopérer avec d’autres pays pour surmonter les restrictions bancaires, douanières, et même celles touchant les matières premières. Ainsi, la ligne politique actuelle semble résiliente face à ces pressions.
Une question cruciale réside dans l’impact potentiel de ces sanctions sur la lutte contre le terrorisme menée par le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Les sanctions pourraient affecter l’achat d’équipements militaires, mettant en péril la capacité de ces États à lutter efficacement contre les groupes terroristes. Cependant, Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo souligne que la véritable question réside dans l’engagement des populations locales dans cette lutte.
Le chercheur rappelle que, similairement au Burkina Faso, le Niger a formé sa propre milice, les Volontaires pour la défense du Niger (VDN). Dans un contexte de sanctions internationales, cela pourrait encourager un sentiment national émergeant et renforcer le patriotisme, incitant ainsi la population à s’impliquer davantage dans la défense de son pays.
En ce qui concerne les répercussions humanitaires des sanctions de la CEDEAO et de l’UE, Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo reconnaît le risque de pénurie alimentaire et médicale, pouvant conduire à une crise humanitaire. Toutefois, il souligne l’élan de solidarité entre le Niger et les pays qui ne soutiennent pas les sanctions, notamment l’Algérie, qui a envoyé des convois de produits alimentaires en signe de soutien.
Enfin, interrogé sur le veto russe aux sanctions contre le Mali, l’essayiste explique qu’il renforce l’alliance entre Bamako et Moscou. Ce soutien pourrait encourager d’autres États à suivre cette dynamique, conscients qu’ils bénéficient du soutien de la Russie pour contrer d’éventuelles sanctions internationales. La Russie pourrait ainsi ouvrir des opportunités pour ces États en quête de nouvelles alliances.