Le Sénat du Nigeria a rejeté la proposition du Président Bola Tinubu de déployer des troupes militaires au Niger voisin, en collaboration avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les sénateurs ont préconisé une approche diplomatique pour résoudre la crise en cours.
Les élus du Sénat ont salué les efforts de la CEDEAO pour mettre fin à la crise au Niger, mais ont catégoriquement repoussé l’idée d’un déploiement de troupes. Le président du Sénat, Godswill Akpabio, a exprimé le refus du Sénat d’utiliser la force militaire, appelant plutôt à poursuivre les discussions avec les autorités nigériennes pour parvenir à une solution diplomatique.
Parmi les sénateurs du Nord, le porte-parole Abdulrahman Kawu Sumaila a insisté sur l’importance de privilégier les voies politiques et diplomatiques. Il a souligné que le recours à la force militaire entraînerait des pertes en vies humaines parmi les citoyens innocents vaquant à leurs occupations quotidiennes.
La main de Paris dans la crise?
Des observateurs accusent la France de jouer un rôle discret pour préserver ses intérêts au Niger, en particulier en tant que fournisseur d’uranium pour ses centrales nucléaires. Selon certaines sources, Paris pourrait encourager la CEDEAO à prendre l’initiative militaire pour servir ses intérêts, ce qui pourrait détériorer ses relations avec d’autres pays africains, notamment l’Algérie.
Outre le Nigeria, plusieurs pays de la région se sont également prononcés contre une intervention militaire de la CEDEAO au Niger. Le Mali et le Burkina Faso ont qualifié une telle action de “déclaration de guerre commune” et menacé de quitter l’institution en cas de déploiement de troupes. L’Algérie a souligné que cela ne ferait qu’aggraver la situation, tandis que le Tchad a également annoncé son refus d’intervenir.
Le Niger mécontent de la direction prise par la CEDEAO
Au Niger même, le président du Parlement, Seyni Oumarou, s’est opposé à une intervention de la CEDEAO, déclarant que celle-ci devrait promouvoir la paix et la stabilité dans la région. Il a averti que toute intervention armée risquerait de mettre en danger de nombreuses vies humaines et s’est également opposé à d’éventuelles sanctions économiques, qu’il a qualifiées de “mesures apocalyptiques” pour la population.
Le 4 août, le Président nigérian, Bola Tinubu, avait soumis à l’Assemblée nationale un plan de déploiement de troupes au Niger impliquant la CEDEAO. Toutefois, l’opposition clairement exprimée par le Sénat nigérian met en doute la mise en Å“uvre de cette proposition et laisse place à des efforts continus pour résoudre la crise par des moyens pacifiques et diplomatiques.