Le 5 mai, la Cour internationale de justice (CIJ) a rejeté la plainte du Soudan accusant les Émirats arabes unis de complicité de génocide. Selon la Cour, elle se déclare « manifestement incompétente » pour statuer sur cette affaire, en raison d’une réserve émise par les Émirats arabes unis lors de la signature de la convention sur le génocide en 2005. Cette réserve empêchait toute action en justice devant la CIJ pour un conflit entre les deux pays, ce qui a conduit à l’irrecevabilité de la demande du Soudan.
La demande du Soudan portait sur l’accusation de complicité de génocide envers la communauté masalit, affirmant que les Émirats arabes unis soutenaient les Forces de soutien rapide (FSR), une milice accusée de crimes de guerre au Soudan. En réponse, la vice-ministre adjointe des Affaires étrangères des Émirats, Reem Ketait, a qualifié cette accusation de « sans fondement ». Elle a réaffirmé que la décision de la CIJ soulignait clairement l’absence de fondement juridique à l’affaire, renforçant ainsi la position des Émirats arabes unis dans ce dossier.
Les relations entre le Soudan et les Émirats arabes unis ont été marquées par des tensions croissantes en raison de la guerre civile qui secoue le Soudan depuis avril 2023. Cette guerre oppose l’armée régulière, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, aux FSR dirigées par Mohamed Hamdane Dogolo, dit « Hemedti ». Le soutien présumé des Émirats arabes unis aux FSR a alimenté les accusations de complicité dans le génocide, en particulier après les nombreux rapports sur les atrocités commises contre la population masalit et d’autres groupes ethniques.
Depuis le début du conflit, des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie et plus de 13 millions de Soudanais ont été déracinés, dans l’une des pires crises humanitaires du monde. La guerre a également plongé certaines régions dans la famine, exacerbant la souffrance de millions de civils. L’ONU a qualifié cette guerre de « catastrophe humanitaire », soulignant les souffrances immenses des populations touchées, notamment les communautés ethniques comme les masalit, cible de violences systématiques.
La décision de la CIJ pourrait marquer un tournant dans la relation entre le Soudan et les Émirats arabes unis. Elle pourrait également influer sur les négociations futures concernant la crise soudanaise, notamment en matière d’aide internationale et de réconciliation interne. Cependant, la guerre continue de ravager le pays et la communauté internationale reste préoccupée par l’absence de solutions diplomatiques et l’impasse humanitaire qui perdure. Le rôle des puissances étrangères, comme les Émirats, dans cette crise est donc plus que jamais au cœur des discussions.
Cette affaire soulève également des questions sur la capacité de la CIJ à jouer un rôle actif dans la résolution des conflits internationaux, notamment dans le cadre des génocides et des crimes de guerre. En rejetant cette requête, la Cour semble limiter son champ d’action en matière de litiges entre États ayant émis des réserves sur certaines clauses des conventions internationales. Cette décision pourrait avoir des implications sur la manière dont les futures plaintes seront traitées, tant en matière de génocide que de droits humains.