Le gouvernement soudanais, désormais basé à Port Soudan à l’est du pays, a catégoriquement rejeté la proposition des Nations unies d’envoyer une force « impartiale » pour protéger les civils. Cette réponse des autorités est venue dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 septembre, en réponse à un rapport du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
Dans son communiqué, la diplomatie soudanaise a vivement contesté toutes les recommandations du rapport de l’ONU, qui préconisait non seulement l’envoi de cette force d’interposition, mais aussi un embargo sur les armes. Selon Khartoum, le rôle du Conseil des droits de l’homme devrait se limiter à soutenir le processus national en cours, sans chercher à imposer de mécanismes extérieurs. Ils vont jusqu’à qualifier le Conseil des droits de l’homme d’organisme illégal et politisé, rejetant ainsi toute forme d’ingérence internationale.
Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre civile entre les forces loyalistes du général al-Burhan et les milices paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Ce conflit a engendré des violations massives des droits de l’homme, décrites dans le rapport des experts de l’ONU comme des crimes contre l’humanité. Les civils, pris au piège, ont payé un lourd tribut avec des dizaines de milliers de morts et plus de dix millions de déplacés.
Certaines voix, comme celle du chercheur Roland Marchal, émettent des doutes quant à l’efficacité d’une force d’interposition dans ce contexte soudanais. Il souligne l’absence de négociations entre les factions en conflit et avance que toute force extérieure risquerait de passer plus de temps à se défendre qu’à protéger les populations locales, un reproche fréquent adressé aux missions de paix onusiennes en Afrique.
Le refus soudanais de toute intervention internationale complique davantage la résolution de ce conflit. Alors que la situation humanitaire se détériore et que les violations des droits humains se multiplient, la communauté internationale se retrouve confrontée à un dilemme : comment protéger les civils sans la coopération des autorités locales ?
L’avenir du Soudan demeure incertain. Si le dialogue politique entre les deux parties en conflit n’est pas relancé, le risque d’une escalade de la violence reste élevé. L’implication de la communauté internationale, bien que rejetée par Khartoum, pourrait s’avérer cruciale pour éviter une catastrophe humanitaire encore plus grave.