Le Zimbabwe a franchi une étape symbolique dans sa stratégie de valorisation de ses ressources naturelles : la société publique Verify Engineering a annoncé avoir achevé avec succès les tests de la première batterie lithium-ion produite localement. Le produit affiche un taux de défaillance nul, selon le directeur général de l’entreprise, Pedzisai Tapfumaneyi.
Les essais, menés sur toute l’année écoulée, ont permis de confirmer la fiabilité du modèle conçu au Zimbabwe. D’après Tapfumaneyi, la batterie offre une durée de vie d’environ dix ans, ce qui la place dans les standards internationaux du secteur. Fort de ce résultat, Verify Engineering prévoit désormais d’établir une usine de fabrication à grande échelle afin d’industrialiser le processus.
Ce développement intervient alors que le gouvernement zimbabwéen envisage de bannir, dès 2027, l’exportation de concentré de lithium non transformé. Ce virage politique vise à mettre fin à la fuite de valeur ajoutée vers l’étranger et à stimuler l’industrialisation locale, dans un pays qui possède l’un des plus importants gisements de lithium d’Afrique australe. Harare cherche ainsi à transformer le sous-sol national en levier industriel.
La fabrication locale de batteries pourrait ouvrir la voie à un écosystème industriel plus large, incluant l’assemblage de véhicules électriques, le stockage d’énergie ou encore l’exportation de produits finis. Mais pour que cette ambition devienne réalité, le Zimbabwe devra investir massivement dans les infrastructures, la formation technique et la stabilité réglementaire. Sans cela, l’effet d’annonce risque de rester sans suite.
L’initiative de Verify Engineering est saluée comme une avancée, mais soulève aussi des questions sur les capacités industrielles réelles du pays. À ce stade, l’entreprise n’a pas communiqué d’informations précises sur la chaîne d’approvisionnement, les volumes de production prévus, ni les éventuels partenaires techniques. Dans un secteur dominé par la Chine, l’Inde et la Corée du Sud, le Zimbabwe devra convaincre de sa crédibilité technique et commerciale.
Ce projet illustre la volonté affichée du Zimbabwe de se repositionner dans la chaîne de valeur mondiale du lithium. Mais entre volonté politique, promesses industrielles et contraintes économiques, la transition sera longue. Le défi reste immense pour un pays dont l’économie souffre encore d’instabilité chronique et de pénuries d’électricité – un comble pour un pays misant désormais sur les batteries.