Les Brésiliens font leurs adieux ce lundi au légendaire Pelé, quatre jours après sa mort à l’âge de 82 ans, lors d’une veillée publique de 24 heures au stade de la ville de Santos, où la star du ballon rond a forgé une grande partie de sa légende.
Le cercueil du seul joueur de football à avoir remporté trois Coupes du monde (1958, 1962, 1970) reposera au centre du terrain du Vila Belmiro qui ouvrira ses portes à 10 heures (13h 00 TU), selon le FC Santos, son club de toujours.
Trois banderoles géantes étaient visibles dimanche dans les tribunes de l’enceinte de 16 000 places : l’une montrant Pelé de dos avec le maillot 10 que l’ex-attaquant a immortalisé, tandis que sur les deux autres on pouvait lire « Vive le roi » et « Pelé 82 ans ».
L’entrée du stade sera autorisée « sans interruption » jusqu’au mardi à 10h00 locales puis une procession parcourra les rues de Santos, ville située à 75 km au sud-est de Sao Paulo, avant l’enterrement, réservé à la famille.
Le cortège passera notamment devant la maison de la mère centenaire de l’ex-footballeur Dona Celeste, qui « ne sait pas » que son fils est mort, selon Maria Lucia do Nascimento, l’une des sœurs du défunt. « Elle est dans son monde », a-t-elle assuré vendredi à la chaîne ESPN.
Ça fait 44 ans qu’il a arrêté de jouer, 44 ans et tout le monde s’en souvient comme si c’était hier ! Pour moi, Pelé a fait le club de Santos, ce n’est pas le club qui a fait Pelé. Santos est aujourd’hui ce que Pelé nous a laissé, des heures de gloire, des championnats, des coupes… Tout ici, c’est Pelé qui l’a fait…
Affluence attendue
La mort du joueur de génie, qui a marqué 1 283 buts en 21 ans de carrière, la plupart avec son club de Santos, a choqué au-delà du Brésil et suscité un tsunami de condoléances.
Mais sa mort, des suites d’un cancer du côlon détecté en septembre 2021, n’a pas provoqué pour l’heure de manifestation massive dans le pays : l’affluence à l’hôpital de Sao Paulo où il s’est éteint entouré de sa famille n’a pas été très importante, tout comme au stade Vila Belmiro dans les jours qui ont suivi sa mort.
Les raisons possibles ? Les vacances de fin d’année quand de nombreux Brésiliens se rendent dans les stations balnéaires, le temps qui s’est écoulé (presque un demi-siècle) depuis que « O Rei » a pris sa retraite et l’antipathie qu’il suscite chez certains pour son silence sur la dictature militaire (1964-1985) et le racisme.
Luiz Santos, un instituteur de 40 ans, est cependant convaincu que des milliers de personnes diront adieu lundi et mardi à Santos à « la plus grande idole du Brésil », bien que de son vivant il a suscité moins de ferveur populaire que d’autres icônes brésiliennes comme le pilote de F1 Ayrton Senna.
« Je suis sûr que beaucoup de gens vont venir à la veillée funèbre, pas seulement des personnes âgées qui l’ont vu jouer, mais aussi des jeunes », dit pour sa part Silvio Neves Souza, électricien de 54 ans en vacances à Santos.
« Il savait »
Des bouquets de fleurs ornaient un buste et une statue de Pelé érigés à l’extérieur du Vila Belmiro, tandis que des bannières à son effigie étaient déployées dans un autre quartier de la ville où se trouve également un monument à sa mémoire. « J’ai enchanté le monde avec le ballon à mes pieds », pouvait-on lire sur l’une d’elles.
Dans le reste du pays, des hommages à sa mémoire étaient également visibles comme sur l’un des murs du siège de la Confédération brésilienne de football (CBF) à Rio de Janeiro, où figure une image géante de l’ancien numéro 10 avec le maillot de la « Seleçao » et le mot « éternel ».
Une minute de silence en son hommage a par ailleurs été respectée lors de l’investiture du président Luiz Inacio Lula da Silva, à Brasilia.
La sécurité a été renforcée à l’aéroport de Congonhas de Sao Paulo, en prévision de l’arrivée de sportifs, hommes politiques et autres personnalités prévoyant d’assister à la veillée funèbre, selon le journal Folha de S. Paulo.
Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, a passé un mois à l’hôpital Albert Einstein de Sao Paulo jusqu’à sa mort, le 29 décembre, des suites d’une insuffisance rénale et cardiaque, d’une bronchopneumonie et d’un adénocarcinome du côlon, selon le certificat de décès publié par plusieurs médias locaux.
« Nous étions avec lui » le 21 décembre, a assuré sa sœur Maria Lucia. « Il était très calme, on a parlé un peu, mais je sentais déjà qu’il le sentait, il savait déjà qu’il allait partir », a-t-elle témoigné.