Une étude publiée le 9 mai 2025 dans la revue Current Biology a révélé que les chimpanzés possèdent une étonnante capacité à battre en rythme. Plus de 370 enregistrements collectés dans 11 communautés de chimpanzés ont démontré que ces primates sont capables de produire des sons réguliers en tapant sur des racines d’arbres, un comportement qui pourrait servir de mode de communication longue-distance.
Les chimpanzés utilisent des racines d’arbres pour émettre des sons à basse fréquence, que d’autres membres de leur groupe peuvent percevoir à plus d’un kilomètre. Les chercheurs ont observé que ces primates choisissent des arbres spécifiques et des racines de tailles particulières pour maximiser la portée de leurs signaux. L’autrice principale de l’étude, Vesta Eleuteri, précise que les racines les plus fines et larges permettent de produire des vibrations plus perceptibles à distance. Ces séquences rythmiques distinctes aident à identifier les émetteurs et à éviter que les sons soient confondus avec d’autres bruits de la nature, comme la chute d’un arbre.
L’étude a révélé des différences dans la manière de tambouriner entre les chimpanzés d’Afrique de l’Ouest et ceux d’Afrique de l’Est. Les premiers ont tendance à produire des intervalles plus réguliers, tandis que les seconds alternent plus fréquemment entre des intervalles courts et longs. Vesta Eleuteri suggère que ces différences pourraient être liées à des facteurs sociaux. Les chimpanzés ouest-africains étant plus pacifiques et vivant souvent en groupe, tandis que ceux d’Afrique de l’Est sont plus dispersés et présentent des comportements plus agressifs envers les autres groupes. Ainsi, l’alternance de rythmes pourrait être un moyen de se distinguer et d’envoyer des messages variés au sein de leur groupe.
Si cette découverte suggère que les chimpanzés partagent une certaine forme de rythme, il serait erroné d’assimiler ce comportement au sens musical humain. Andrea Ravignani, co-auteur de l’étude, met en garde contre toute conclusion hâtive. Bien que les chimpanzés montrent une capacité à produire des séquences rythmiques non aléatoires, cela ne signifie pas qu’ils possèdent la musique au sens humain du terme. Le rythme dans la musique humaine repose sur des caractéristiques spécifiques qui ne sont pas retrouvées dans les sons produits par les chimpanzés. Cependant, cette capacité est un pas important vers la compréhension des similitudes et des différences entre les humains et les chimpanzés.
L’étude ouvre de nouvelles pistes de recherche pour comprendre comment les chimpanzés produisent ces rythmes et quel rôle le corps joue dans ce processus. Les chercheurs se penchent sur l’utilisation des mains, des pieds ou même l’alternance des deux pour générer les rythmes. Ils cherchent également à explorer la possibilité de cultures rythmiques au sein de différentes communautés de chimpanzés, une question qui pourrait éclairer davantage sur l’évolution de cette capacité dans cette espèce.
Cette découverte pourrait avoir des implications pour l’étude de l’évolution humaine. En effet, la capacité des chimpanzés à produire des rythmes réguliers suggère que certaines caractéristiques musicales ont existé avant la séparation entre humains et chimpanzés, il y a environ six millions d’années. Bien que cette étude ne puisse établir un lien direct entre la musique humaine et le comportement des chimpanzés, elle contribue à enrichir notre compréhension des origines de la musique et des capacités cognitives partagées par les espèces proches de l’Homme.