Trois semaines après les inondations dévastatrices qui ont frappé Bushushu et Nyamukubi, dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu, les familles endeuillées sont plongées dans un désarroi total. Malgré les efforts des autorités politiques, sanitaires et des bénévoles, il est toujours impossible de déterminer avec précision le nombre de disparus, ce qui suscite une profonde inquiétude parmi les sinistrés.
Miriana Faida, assise sous un manguier, a perdu son mari lors de cette catastrophe. Sur les six enfants qu’elle avait, elle en a perdu quatre. Elle témoigne : « Je n’ai toujours pas revu leurs corps. Je ne sais pas s’ils ont été ramassés parmi les corps en putréfaction et méconnaissables recueillis par la Croix-Rouge. »
Lors de sa visite au Sud-Kivu, le Premier ministre Sama Lukonde n’a pas communiqué de chiffres précis. Toutefois, la Croix-Rouge et les autorités locales estiment que le nombre de disparus se compterait par milliers, étant donné que la tragédie s’est produite le jour du marché de Nyamukubi, le deuxième marché territorial le plus fréquenté, qui a été balayé par les inondations jusqu’au lac Kivu.
Guélor Kabagaya, qui a perdu 47 membres de sa famille élargie à Bushushu, s’inquiète de l’attitude du Premier ministre : « Il est étonnant de constater que le Premier ministre n’a pas fait référence au nombre de corps déjà retrouvés, ni à nos frères disparus. Il n’a même pas visité une structure sanitaire ici. Dès son arrivée, il s’est rendu sur le site de la catastrophe, puis il est parti à Nyamukubi. Cela nous attriste de constater qu’il est venu chez nous sans nous parler. »
Le chef du centre de Bushushu, Kilosho Asumani Wakilongo, affirme qu’il est impossible de donner un chiffre exact quant au nombre de disparus à Bushushu. Il explique : « Le nombre exact n’est pas disponible car chaque jour, nous exhumons des corps. En ce moment, nous sommes en train d’en extraire deux autres. Il s’agit de jeunes qui répétaient dans la chorale lorsque les inondations ont frappé. Dire avec précision le nombre, devant Dieu, serait mentir ! »
Malgré les difficultés et le manque de moyens, les volontaires de la Croix-Rouge restent sur le terrain pour récupérer les corps des décombres et ceux ensevelis sous terre.