A quelques mois des élections générales au Zimbabwe, le Sénat a récemment adopté une loi pour lutter contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. Mais ce texte – qui doit encore être ratifié par le chef de l’Etat – pourrait également criminaliser les ONG. Elle interdirait notamment à ces organisations de s’engager en politique.
Au Zimbabwe, le texte anti-terroriste voté par le Sénat le 1er février inquiète l’ONU. Pour Clément Voule, rapporteur pour la liberté d’association au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, une telle loi pourrait être utilisée pour museler les critiques du gouvernement. « Une organisation qui défend une personne qui a été arrêtée, torturée, mais qui est membre d’un parti politique, cette organisation pourrait être en train d’être vue comme faisant un travail politique » explique-t-il.
Le fait que ce texte passe dans un contexte pré-électoral est particulièrement préoccupant pour Clément Voule : « Nous savons très bien, nous voyons les élections passées, que ce sont généralement des élections qui sont très violentes et qui sont aussi imbues de répression. » Il se demande si les autorités vont considérer que les organisations qui dénonceraient « par exemple des répressions contre des partisans d’un parti politique » font « de la politique » ?
Face à ce risque, le rapporteur des Nations unies demande au président Emmerson Mnangagwa de ne pas ratifier cette loi, « parce que cela donne un signe, un mauvais signe. La loi, telle qu’elle est actuellement, avec le régime qu’elle impose, les restrictions, les provisions, ne vise qu’à museler toutes critiques et aussi à museler toutes personnes qui seraient tentées de critiquer toute action du gouvernement à l’approche des élections. »
rfi