En Afrique de l’Ouest, la prolifération des fake news prend une nouvelle dimension avec l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle (IA). Face à ce défi, une nouvelle initiative, Fact Africa, réunit journalistes et blogueurs de la région pour former des outils de vérification et sensibiliser le public. Une conférence organisée à Dakar met en lumière l’urgence de contrer cette menace.
Selon Malick Konaté, journaliste et fondateur de Fact Africa, la majorité des fausses informations, estimée entre 80 et 90 %, concerne des questions sécuritaires. Des vidéos générées par l’IA présentent, par exemple, des attaques fictives entre groupes armés ou des actions militaires inventées. Ces contenus trompeurs se répandent rapidement, alimentant la confusion et la désinformation.
La région du Sahel, déjà fragilisée par des crises sécuritaires et politiques, devient un terrain fertile pour la désinformation. Les fake news, souvent amplifiées par des acteurs malveillants, exacerbent les tensions sociales et politiques. L’émergence de technologies comme l’IA rend la vérification des informations encore plus complexe dans un environnement où les ressources médiatiques sont limitées.
Pour contrer ce fléau, Fact Africa mise sur l’éducation aux médias. L’objectif : doter les citoyens des outils nécessaires pour reconnaître les contenus manipulés. Bien que des méthodes existent pour vérifier l’authenticité des images et vidéos, leur adoption reste limitée. La collaboration entre journalistes, blogueurs et juristes est donc cruciale pour développer des solutions adaptées à la région.
Les conséquences des fake news vont au-delà de la simple désinformation. En Guinée, par exemple, des entrepreneurs d’influence incitent les internautes à partager de faux messages en échange de sommes d’argent. Dans des pays où les revenus sont souvent faibles, ces pratiques exploitent la précarité économique pour propager des contenus manipulés, mettant en péril la cohésion sociale.
La fermeture des médias et le contrôle accru de l’espace informationnel, comme en Guinée depuis mai 2024, compliquent encore la situation. Des journalistes, vulnérables financièrement, deviennent des cibles faciles pour des acteurs mal intentionnés. Dans ce contexte, renforcer les capacités des médias locaux et encourager la résilience des professionnels de l’information apparaît comme une priorité pour limiter les dégâts causés par les fake news.