Malgré l’interdiction émise par le gouvernement en raison de son “caractère subversif” et de la “situation sécuritaire”, le bloc du BRDC, qui rassemble les principaux leaders de l’opposition, a courageusement manifesté dans les rues de Bangui le vendredi 14 juillet. Les adversaires du président Faustin-Archange Touadéra continuent de dénoncer le projet de référendum pour une nouvelle constitution, prévu le 30 juillet, et accusent le chef de l’État de vouloir s’octroyer une présidence à vie.
Une marche pacifique s’est déroulée sur l’avenue Barthélémy Boganda, du nom du père de la nation centrafricaine, jusqu’à la place des Martyrs où les manifestants du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) ont conclu leur mobilisation. La Mission de paix des Nations unies en Centrafrique (Minusca) a encadré cette marche, selon les organisateurs.
Le cortège, composé de 500 personnes selon les organisateurs, a défilé sans violence et n’a pas été empêché. Cependant, le BRDC affirme que le nombre de participants était au moins dix fois supérieur. Les leaders de l’opposition, arborant des écharpes colorées, ont défilé en tête de la manifestation.
Le coordinateur du BRDC et président du parti Patrie, Crépin Mboli-Goumba, a déclaré : “Tous les jours ou presque, les partisans du pouvoir manifestent et ils l’ont encore fait il y a deux semaines, lorsque le projet [de nouvelle constitution – NDLR] a été officiellement présenté. Malgré la pluie, malgré le nombre de soldats présents pour impressionner, malgré les intimidations et les interdictions, le peuple est sorti en masse pour dire non à ce référendum illégal, interdit par la Cour constitutionnelle de notre pays.”
Le BRDC se réunira le lundi 17 juillet afin de définir les actions futures contre le référendum prévu le 30 juillet. La nouvelle constitution prévoit la suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels, ce qui ouvrirait la voie à une présidence à vie pour le président Faustin-Archange Touadera, selon Martin Ziguele, président du parti Mouvement pour la libération du peuple centrafricain (MLPC) et porte-parole du BRDC. Il souligne que la Centrafrique est “un pays qui se souvient des sacrifices qu’on a dû consentir pour parvenir à la République” et ne peut pas accepter “une monarchie qui se cache sous une République”.