Deux jours après l’allocution très critique de Joseph Kabila contre Félix Tshisekedi, l’UDPS a organisé sa réplique. Ce dimanche 25 mai, lors d’un rassemblement au siège du parti à Kinshasa, le secrétaire général Augustin Kabuya a accusé l’ancien chef de l’État d’être le « géniteur du M23 » et responsable de « 18 ans de chaos » en République démocratique du Congo. Selon lui, Kabila « aurait dû se taire » et « n’a rien à nous apprendre en matière de démocratie ».
La réaction du parti présidentiel n’a pas été improvisée. L’UDPS a installé un écran géant projetant des images d’archives et des rapports d’ONG montrant la répression des manifestations sous le régime de Kabila. Des photos de victimes, accompagnées de leurs familles, ont été exposées sur les murs du siège du parti. Cette mise en scène visait à rappeler les heures sombres de l’ancien pouvoir et à décrédibiliser ses accusations contre l’actuel président.
Ces échanges s’inscrivent dans un climat de tensions politiques marqué par des rivalités anciennes. Depuis son départ du pouvoir en 2019, Joseph Kabila a gardé une influence sur la scène congolaise, notamment via le FCC. Ses critiques acerbes du 23 mai accusant Félix Tshisekedi d’« ivresse du pouvoir » et de « tyrannie » ont ravivé des fractures. De son côté, l’UDPS cherche à défendre sa position, alors que la RDC reste secouée par des crises sécuritaires, notamment dans l’est du pays.
L’allocution de Kabila et la réaction de l’UDPS pourraient accentuer les divisions à l’approche des prochaines élections. Tandis que certains voient en ces échanges une simple bataille rhétorique, d’autres s’inquiètent des conséquences possibles sur la stabilité politique. Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a qualifié Kabila d’« homme du passé », estimant qu’il n’avait « rien à proposer » et que le gouvernement actuel s’efforçait de résoudre les problèmes laissés par son prédécesseur.
Au-delà des mots, Augustin Kabuya a brandi une liste de scandales liés à l’ancien régime, incluant détournements de fonds publics et corruption. Il a réfuté les accusations de tribalisme portées par Kabila, soulignant que ni les institutions politiques ni les services de sécurité ne sont dirigés par des proches de Tshisekedi. Ce rappel vise à discréditer les attaques de l’ancien président, tout en renforçant la posture morale du pouvoir en place.
Les réactions dans la classe politique et chez les citoyens sont diverses. Certains soutiennent la fermeté de l’UDPS, d’autres dénoncent une escalade verbale contre-productive. Beaucoup, toutefois, restent sceptiques face aux promesses et rappels historiques, attendant des actes concrets pour améliorer la gouvernance et la sécurité. L’image de Kabila semble en tout cas ternie par cette nouvelle passe d’armes, même si ses soutiens continuent de faire entendre leur voix.