Le Cameroun, reconnu pour ses rendements exceptionnels en coton, fait face à une baisse inquiétante de sa production malgré des résultats positifs dans le passé. L’Association des producteurs de coton africain a récemment célébré son 20e anniversaire à Garoua, dans le bassin cotonnier du pays, un lieu symbolique. En effet, le pays est un leader africain en termes de rendement, avec une production d’environ 1 500 kg par hectare, bien supérieure à celle d’autres grands producteurs comme le Burkina Faso ou le Togo, dont les rendements sont inférieurs à 850 kg par hectare.
Le succès du coton camerounais repose sur l’application stricte de techniques agricoles bien définies. Les producteurs respectent un cahier des charges exigeant, comprenant une préparation minutieuse du sol, des dates de semis précises et un usage régulier d’engrais et d’insecticides dans les doses recommandées. De plus, la qualité des semences utilisées joue un rôle crucial dans ces bons rendements. Cette rigueur dans les pratiques a permis au pays de se démarquer, bien que ce modèle exige une forte formation et un suivi constant des producteurs.
L’exceptionnalité du modèle camerounais ne s’arrête pas à la rigueur des méthodes agricoles. Le pays se distingue également par un système de sélection des producteurs. Tout cultivateur dont la production ne répond pas aux critères de rendement minimum est exclu du système. Cette approche garantit un niveau de production élevé, tout en mettant l’accent sur l’efficacité des producteurs et l’amélioration continue de la qualité du coton.
La campagne cotonnière 2023-2024, bien qu’ayant permis au Cameroun de se classer parmi les trois premiers producteurs africains, est marquée par une forte déception. Les prévisions actuelles estiment que la production atteindra difficilement les 290 000 tonnes, bien loin des 400 000 tonnes récoltées lors de la campagne précédente. Cette chute de la production est imputée à une série de facteurs défavorables, notamment des conditions climatiques extrêmes. En effet, une partie des récoltes a été noyée par des inondations, tandis qu’une autre zone a souffert d’une saison sèche prolongée, affectant la croissance des cultures.
Outre les aléas climatiques, les attaques d’insectes ravageurs, comme les jassides, ont causé d’importants dégâts. Ces insectes, déjà bien connus en Afrique de l’Ouest, ont trouvé leur chemin vers le Cameroun, aggravant encore les pertes. À cela s’ajoute un autre problème majeur : les retards dans l’approbation des produits phytosanitaires nécessaires à la lutte contre ces nuisibles. Ce manque de réactivité a retardé les traitements de contrôle, aggravant la situation.
Face à ces défis, le secteur cotonnier camerounais doit impérativement s’adapter pour maintenir sa compétitivité. Des investissements dans la gestion des risques climatiques et une amélioration de l’accès aux produits phytosanitaires semblent nécessaires pour éviter de nouvelles baisses de production. Par ailleurs, des initiatives visant à diversifier les cultures et à renforcer la résilience des producteurs face aux aléas pourraient offrir des solutions durables à long terme.