Depuis plus de six mois, le groupe minier Barrick Gold et les autorités de transition du Mali sont dans une impasse qui pèse lourdement sur l’économie du pays. Au cœur du conflit, l’application du nouveau code minier adopté en 2023, qui augmente la part de l’État dans les actifs miniers nationaux. Ce différend est exacerbé par des accusations concernant des taxes et redevances impayées, avec un montant total estimé entre 300 et 600 milliards de francs CFA (475 à 950 millions de dollars). Un accord semblait imminent en février dernier, mais le conflit se poursuit, affectant gravement l’économie malienne.
Les négociations entre le gouvernement malien et Barrick Gold portent sur plusieurs points essentiels, notamment le paiement des arriérés fiscaux par le groupe minier et la libération de quatre cadres maliens détenus depuis novembre 2024. L’enjeu est majeur, car Barrick est le plus important acteur minier du pays et la mine de Loulo-Gounkoto, qui a été suspendue en janvier, représente une part importante de l’économie malienne. La fermeture de cette mine a eu des conséquences directes, notamment sur les 8 000 employés maliens, principalement des travailleurs locaux, qui ont été mis au chômage technique. En outre, l’or, secteur stratégique du pays, génère un quart du budget national et plus d’un tiers des exportations officielles d’or.
Le Mali, en pleine transition politique depuis le coup d’État de 2021, traverse une période de forte instabilité. En 2023, l’adoption d’un nouveau code minier visait à garantir une plus grande part des bénéfices pour l’État malien, un changement auquel Barrick Gold et d’autres entreprises minières se sont opposées. Le secteur minier est crucial pour le pays, qui dépend largement de l’exploitation des ressources naturelles. Barrick Gold, en tant qu’acteur majeur, avait versé 460 millions de dollars au gouvernement en 2023, mais l’absence de règlement des taxes dues et les tensions autour de la réforme minière ont exacerbé la situation.
Face à cette crise prolongée, l’association Front pour l’émergence et le renouveau au Mali (Fer-Mali) propose une « médiation nationale ». Selon Sory Ibrahima Traoré, président de l’association, il est impératif d’impliquer tous les acteurs du secteur minier, ainsi que des représentants des chefferies traditionnelles et religieuses, et le médiateur de la République. Pour Fer-Mali, l’objectif est d’éviter que ce conflit ne déstabilise davantage l’économie et l’image du Mali à l’international. La médiation pourrait jouer un rôle clé pour sortir de cette impasse qui dure depuis trop longtemps.
L’enlisement de ce conflit menace non seulement l’économie du pays mais aussi son image sur la scène internationale. Le Mali, qui cherche à attirer des investisseurs étrangers, risque de voir ses efforts pour développer ses ressources minières compromis. L’instabilité perçue autour du secteur minier pourrait nuire à la confiance des investisseurs, en particulier dans un contexte où la communauté internationale reste vigilante face à la situation politique interne. Le président de Fer-Mali, Sory Ibrahima Traoré, met en garde contre le risque d’une mauvaise perception du pays : « Ce n’est pas parce que le berger a tort qu’il faut brûler tout le parc à bétail. »
L’arrêt des activités minières a des répercussions sévères sur les travailleurs locaux, dont beaucoup dépendent directement de l’exploitation de l’or. Les 8 000 employés, en majorité maliens, ainsi que les sous-traitants, se retrouvent dans une situation de chômage technique, augmentant l’anxiété sociale dans les régions concernées. La fermeture de la mine de Loulo-Gounkoto, d’une importance capitale, a un impact direct sur la stabilité sociale et économique des communautés locales. Ces pertes sont d’autant plus douloureuses que le secteur minier représente une part essentielle du développement national.
Il est crucial que cette crise trouve une issue rapide pour préserver la stabilité économique du pays et maintenir la confiance dans le secteur minier. Le gouvernement malien, tout en cherchant à garantir un meilleur partage des bénéfices, doit également éviter que les tensions avec les entreprises étrangères n’entravent les investissements futurs. La médiation proposée par Fer-Mali semble être une solution viable pour résoudre ce conflit de manière constructive, en préservant les intérêts du Mali tout en maintenant des relations de coopération avec les investisseurs internationaux.